Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 053 165
Derniers commentaires
Archives
28 février 2015

SOUVENIRS D’UN VIEUX PORTE-MANTEAUX (Lorraine)


        On ouvrait la porte de rue, j’étais là dans l’entrée, contre le mur, bien arrimé.

     Il faut dire que j ‘accueillais selon  l’heure,  pardessus en ratine , manteau  féminin, trench-coats des jeunes, chandails, un peu pêle-mêle, s’entassant si tout le monde était à la maison. Je tenais le coup ; il faut dire qu’on m’avait choisi muni d’un dos solide, d’une planche à chapeaux et sous mes crochets, d’un porte-parapluie qui recevait aussi les bottines crottées après les promenades d’hiver.

    Je reconnaissais les parfums : une odeur de violette dans un col de fourrure, c’était Madame. Une fragrance de rose à peine ébauchée : la charmante Denise venait de suspendre à une patère son élégant manteau de velours brun, si soyeux, que j’affectionnais parmi tous. Ajh! ce goût de caramel ,  nul doute, Aline rentrait de l’école. J’héritais de l’écharpe rouge, du chapeau assorti au manteau et j’entendais tout de suite les éclats de rire.

     C’était l’heureuse époque où ils étaient tous là, Denise la sœur aînée, Jean et Julien, leurs parents et la petite. J’ai connu les jours de fête et les chapeaux de paille légère, qui mettaient une ombre adoucie sur le visage des femmes ; et les chapeaux de paille ceinturés d’un ruban dont les hommes  se coiffaient l’été

    .Et puis, le malheur est venu. Le voile de deuil noir a remplacé le bibi coquin de madame ; tous les costumes des fils sont devenus noirs et on a même teint en noir la robe d’école de la petite Aline. Je n’ai plus revu le chapeau rouge ; on a coiffé ses cheveux courts d’un béret alpin.  La vie a continué ; je me retrouve chez le brocanteur, oublié, vide à jamais. Personne ne voudra plus de moi, je suis trop vieux. Et parfois, je pense à eux, qui m’avaient choisi et qui m’ont connu jeune. Que sont-ils devenus ?...

Publicité
Commentaires
W
Maintenant, ils ont des vestiaires munis de "kapstoks", mais c'est pareil que pour les crochets : y en a jamais assez quand tout le monde est là... surtout qu' y en a qui squattent sans vergogne !
Répondre
B
J'espère qu'il pourra rapidement couler des jours heureux chez une nouvelle famille ! Ton texte est superbe mélancolique et si les choses pouvaient parler j'aimerai qu'ils parlent avec tes mots si tendres et si doux et réalistes<br /> <br /> <br /> <br /> Bravo et Merci Lorraine
Répondre
J
Si tout finit par des chansons, écoutons celle-ci, chère poétesse du temps qui passe !<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=fYG0suOjx7k
Répondre
E
J'ai fait lire ton texte au porte-manteau qui est sous l'escalier et il a beaucoup aimé. Moi aussi.
Répondre
K
la vie qui s'écoule sous les yeux d'un porte-manteau ! c'est beau et si réel en mm temps, les vieux objets ont souvent la chance d'être adoptés et relookés !! eux !!<br /> <br /> mas nous ??? !!!
Répondre
P
Ce portemanteau, sur lequel est accrochée une histoire familiale, a la douce voix du conteur.
Répondre
K
il se trouvera bien chez le brocanteur un amoureux de belles et vieilles choses pour redonner une seconde vie à ce porte-manteau
Répondre
J
que sont-ils devenus?...<br /> <br /> mais ma chère ils perdurent.... chez les broc<br /> <br /> :)
Répondre
V
Si les portemanteaux pouvaient parler, ils auraient le ton de ce charmant texte!<br /> <br /> Chapeau! (enfin, si j'peux mettre le mien)
Répondre
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité