les promeneurs (Fairywen)
Les promeneurs.
Ils marchent dans les allées du parc, main dans la main. Ils ne vont pas bien vite, mais leurs pas s’accordent comme seuls peuvent s’accorder des pas qui se connaissent depuis longtemps. Sans se concerter, ils s’assoient sur le banc situé en face de la rivière où s’ébattent cygnes et canards. Elle sourit en voyant les canetons nager comiquement derrière leur mère, et il sourit à son tour. Malgré les années écoulées, elle s’émerveille toujours comme une enfant des petites choses de la vie, et lui éprouve toujours autant de bonheur à la voir rire.
Ils se remettent en route au bout de quelques instants et reprennent leur promenade quotidienne, toujours main dans la main. Ils n’ont pas besoin de parler pour se comprendre, ils s’aiment depuis si longtemps, maintenant. Il la trouve aussi belle que lorsqu’il l’a rencontrée, près d’un demi-siècle plus tôt, elle voit toujours le fringuant jeune homme venu lui faire la cour tant de décennies auparavant. Ils ne voient ni les rides, ni les corps qui se voûtent, se fatiguent plus vite et s’usent lentement.
Car dans la fontaine de jouvence de leurs yeux dansent toujours un garçon et une fille de vingt ans, éternels amoureux qui tourbillonnent sur la musique de l’amour…