SANG-FROID ? (Lorraine)
Le chemin de halage s’enfonce dans la nuit tombante. La lumière falote du réverbère cligne comme un œil borgne.
Dans l’obscurité de sa chambre, l’homme se redresse. Il frissonne. Froid ? Panique ? Il serre les poings. La musique du bar hurle jusqu’à lui .. Il va descendre, nul ne l’entendra.
Il laissera la valise dans la garde-robe. Ils auront tôt fait de l’ouvrir, de retrouver le tableau de maître espagnol de la jolie infante qu’il a dérobé il y a trois ans. Ce soir, il abdique. Il a déjoué tous les pièges, toutes les poursuites policières, les filatures, la dernière dénonciation…En vain. Ils le talonnent, ils seront là bientôt. Une immense lassitude l’étreint. Mais très vite son imperturbable sang-froid refait surface.
Un bref instant sa silhouette s’encadre à la fenêtre. C’est l’heure. La route est déserte. Dehors, le ciel étoilé de septembre lui arrache un soupir. Là, plus bas, la Meuse scintille sous la lune.
L’homme allume une cigarette, sa pointe incandescente troue une seconde l’obscurité.
Il descend vers le fleuve…