C'era una volta il West (Epamine)
1972.
Le beau moustachu barbu porte son pantalon pattes d'eph et ses mocassins à gros talons. La belle aux yeux verts a enfilé sa jolie petite robe courte et ses sandalettes à semelles épaisses et talons vertigineux.
Ce soir, tout beaux, ils vont au cinéma, tous les deux. Les filles sont grandettes et elles feront dînette - elles aiment bien ça les deux p'tiotes, quand les parents s'offrent une soirée: elles peuvent regarder la télé et le samedi, y'a Maritie et Gilbert Carpentier! Stromae n'est même pas né!
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Comme si c'était hier, je revois mes parents le lendemain de cette sortie : ils étaient heureux! Ce matin-là, dans leurs yeux, j'ai vu des étoiles de Noël, des paillettes d'anniversaire, des arcs-en-ciel de lumière et des perles de pluie sucrée... Et ce furent des Oh!, des Aaaah!, des notes sifflotées, des passages racontés, des émotions partagées...
Quelques jours plus tard, sur notre tourne-disque moderne (Si, si, il était moderne: il possédait la petite manette qui permettait de relever le bras sans risquer de rayer le disque!!!), tournait inlassablement cette musique qui donne le frisson (enfin, à moi, c'est ce qu'elle fait!)
Soeurette et moi avons enregistré chacune des notes de cette mélodie (comme de tant d'autres, d'ailleurs!) car tous les moments passés en famille (à quatre, donc!) dans notre petit appartement, en voiture ou ailleurs, furent forcément vécus en musique. Nous avons grandi sous la baguette des plus grands et nous avons été bercées par les plus belles voix... En trente-trois ou en quarante-cinq tours, chefs d'orchestre et divas n'ont cessé de tourbillonner, de tournicoter et de sillonner dans le salon...
Mais nos hits du Top 50, c'est quand on lui demande, encore aujourd'hui, d'aller chercher son bel étui... Sans parler de liturgie, il y a comme un petit cérémonial dès qu'apparaît la jolie boîte. Il l'ouvre avec solennité, en sort le brillant Hohner 64 Chromonica "Professional" Wood Case qu'il réchauffe toujours du même geste caressant, l'enveloppe instantanément de ses deux mains expertes et commence à jouer...
Mon homme à l'harmonica, ce n'est pas Charles Bronson. Mon maestro à moi, c'est mon papa... Dans une prochaine vie, il le faut, mais dans très très longtemps j'espère, il deviendra le grand chef d'orchestre, le maestro qu'il a toujours voulu être...