La sagesse des fous (Célestine)
La mélopée était belle et simple, et la voix qui la chantait douce comme une soie.
Les rêves y tremblaient légèrement, comme on maintient le feu d'une bougie à l'abri du vent, un soir d'été, derrière une main translucide.
La chanson sentait le chanvre et le benjoin, l'ambre et le patchouli. Les fleurs dans les cheveux, les cordes de guitare.
Elle parlait de gens qui s'aimaient, et qui marchaient longtemps, enlacés, je les imaginais habillés de cotons indiens et de longues jupes transparentes, les pieds nus dans le sable poudreux d'une route infinie.
Elle parlait d'espérance et de doute, et des mille routes qui réunissent les hommes dans les plus folles utopies.Un carrefour de mille routes ? Il fallait être vagabond, poète sans patrie ni patron, pour imaginer un carrefour pareil !
Elle parlait d'étoile et de flamme, de chemin et de sourire. Et de la sagesse des fous.
Je ne cherche plus ce carrefour du cœur du monde. Je sais qu'il est en moi comme en chacun de vous.