Elle danse (Hime Chan)
(écrit sous l'influence de Pony Pony Run Run / 2ème album)
Le rythme s'infiltre dans sa tête, dans son corps, dans son âme. Plus rien n'existe que ces basses qui pulsent dans sa poitrine comme les battements d'un second cœur. Les notes, la mélodie, tout dans cette musique lui hurle de se lever et de bouger son corps comme jamais. Inconsciemment, elle remue la tête, laissant libre cours à ce qu'elle est au fond d'elle. Plus d'anticipation, de réflexion, elle danse. Et rien ne semble pouvoir la satisfaire plus que la musique...
Lui, il la regarde. Ce déhanché gracieux, cette façon de se mouvoir, si étrange, fragile et forte à la fois. Il apprécie cette silhouette d'un œil expert. Il en a vu, des filles qui tentaient de séduire en se dandinant vulgairement. Mais celle-ci ne danse que pour elle-même. Elle n'en est que plus désirable. Malgré lui, il sent que ces mouvements sensuels et involontaires lui plaisent. Elle lui plaît. Alors il s'approche et commence à accompagner ses bras, son buste, dans leurs saccades harmonieuses. La musique a changé, tant mieux. Il flotte dans la brume des sons électroniques. Elle ne l'a même pas remarqué.
Elle n'en a rien à faire. Rien ne compte à part les paroles qu'elle hurle à pleins poumons en dodelinant le crâne. La foule s'est écartée de cette folle qui se déchaîne. Un peu effrayée mais surtout ébahie devant sa chorégraphie aléatoire. « Don't Stop » résonne maintenant dans la salle.
Il se colle à elle sensuellement. Elle ne sursaute même pas. Se contente de rester indifférente. Continue de danser. Il murmure à son oreille :
« Don't stop, oh oh oh,
Keep on moving !
You can't stop, oh oh oh,
Now she's living ! »
Il ne sait même pas si elle a entendu dans les tribulations de la musique. Il est heureux. Elle est heureuse. Chacun dans sa bulle, et pourtant ensemble. Si proches et si éloignés.
« Don't stop, oh oh oh,
You can't stop, oh oh oh... »
Clac. Fin de la soirée. Cela fait une heure qu'ils dansent ensemble, ils sont les derniers. Le videur les presse de sortir. Ils obéissent, encore enlacés. Finalement, pas si inaccessible... Complètement ivres de sons et de bruits, ils s'engouffrent dans l'air frais de la nuit. Il tente de lui voler un baiser sur le trottoir, mais elle s'échappe avec un rire :
« J'ai passé une très bonne soirée, merci... »
Il tend la main vers elle. Elle le repousse tendrement.
« Moi aussi. Est ce que... on pourrait se revoir ? » glisse-t-il avec un air presque coupable.
Son cœur bat vite. Trop vite. Un rythme fou qui s'affole dans ses veines. Mais elle baisse les yeux. La douleur pulse. Il veut la faire céder. Il la voit proche de la limite.
« Non, tranche-t-elle catégoriquement.
- Pourquoi ?
- J'ai... déjà quelqu'un... »
Une fine souffrance dans la poitrine, comme une minuscule déchirure. Pas de fissure, ni de crevasse profonde. Pas pour si peu. Elle s'éloigne, courbée. Ses pas sont chancelants. Elle zigzague un peu. Pas vraiment sûre d'elle. Une hésitation dans sa marche. Un espoir fou. Elle se retourne et reviens vers lui. Lentement. Trop lentement. Ses pieds qui se posent l'un après l'autre sur le sol. Apaisement. Elle revient. Dépose ses lèvres contre sa joue...
… et s'enfuit dans la nuit. Il la regarde. Pas de larmes. Se détourne. Rentre chez lui. Une étrange mélodie dans le cœur. Un rythme étrange.