Accord et désaccord (EVP)
Non, non, non cela n’allait pas !!
C’était Bianca, quelque chose dans le rythme, dans le tempo…C’était ténu mais…
Sa reine de la nuit qui devait être tout en staccato hallucinés, piaillements aigus d’un être pétri de haine…C’était les trilles, superbes certes, mais celle d’une merlette au printemps.
Non, non, non ce n’était pas ça !
Tout était absolument juste et harmonieux sauf ce quelque chose dans le rythme…
Il tachait de comprendre en regardant longuement Bianca, tout à coup la vérité lui fit face dans un de ces somptueux sourires :
Elle était heureuse, elle était amoureuse.
Tout sacrifier à la musique, il était de ces imbéciles-là.
« Je te quitte, je ne t’aime pas ! ». Ce fut expéditif.
Le concert fut parfait. 11 rappels. On aimait ce tragique permanent, le côté sombre de François passait pour de la profondeur.
Et puis le temps passe si vite, les modes et les engouements encore plus.
On lui reprocha ensuite de donner des airs de requiem à la plus légère sérénade.
Bianca était reparti bien vite chez elle, au Brésil, elle élevait avec bonheur ses trois enfants.
Elle ne chantait plus que de très doux « Natals » et fredonnait l’histoire de ces eaux de Mars si douces, si douces et si vivifiantes.
François écoute un instant la cacophonie du périphérique puis il enjambe tranquillement son balcon…