Perdidos (EVP)
« Il avait commencé à lire le roman quelques jours auparavant, il l’abandonna à cause d’affaires urgentes et l’ouvrit de nouveau dans le train, en retournant à sa propriété.
Il se laissait lentement intéresser par l’intrigue et le caractère des personnages.
Ce soir là…
Il était envoûté par Mariana, la délicieuse fiancée de Javier, une brune aux yeux de porcelaine, la description en était si fine si précise que l’on était vite en totale empathie avec la pauvre enfant qu’un sort funeste attendait certainement dans cette finca mystérieuse et désolée où elle devait épouser ce benêt. Il prenait fait et cause pour la belle brunette avant même qu’elle n’arrive chez ces paysans enrichis, sans doute des rustres sans culture alors qu’elle avait été nourrie de Ovide, de Dante, de Pétrarque…
Qu’allait-elle faire dans ce village de Perdidos qui n’avait vraiment pas l’air accueillant.
Le train descellerait doucement, machinalement il regarda sa montre, c’était curieux, son arrêt, le premier sur la ligne, était dans une heure seulement…
Alors seulement il leva les yeux de son roman. Sur le siège d’en face se tenait Mariana : Ses yeux de porcelaine, ses cheveux de nuit, son teint d’albâtre…
Le train s’arrêta tout à fait. Il lut, effaré, le nom de la gare : Perdidos.
Il devait être dans la fiction du roman…Il voulut frotter ses paupières pour revenir à la réalité…
Le sourire dégoulinant de sang de la brune créature avait déjà fait éclater son cœur.