Rêve de fringues (Célestine)
J’ai fait un rêve idiot et amusant.
-Tiens, d’habitude, les rêves sont plutôt étranges et pénétrants…
-Oui, mais celui-là était vraiment saugrenu et poilant. Enfin, je crois que c’était un rêve…en fait je ne sais plus trop…J’étais dans ma chambre et je regardais mon armoire entrouverte avec cet air de songe vague et distant que l’on prend quand on ne sait plus ce que l’on est venu faire là, tu vois…
-ah oui ! Ça m’arrive souvent : il suffit de revenir à son point de départ…
-Là n’est pas la question. Le fait est que j’ai entendu distinctement mes vêtements parler. Ils tenaient un étrange conciliabule.
-Ils te passaient un savon ?
-Non pourquoi ?
-Eh, con, s’il y a bulle, y’a savon ! Ha ha!
-Bon si tu m’interromps tout le temps...Tu ne veux pas savoir, pour mes fringues ?
-Ah oui , alors, qu’est-ce qu’elles disaient ?
-Voila, tout a commencé comme ça, avec le pull en cachemire, tout rose de plaisir, qui disait d’un ton feutré : « J’aime l’envelopper à même la peau. Elle est si douce ! J’aime mouler ses petits seins ronds et pointus au bout…
-Hé hé ! Il commence bien, ton rêve !
-Attends, laisse-moi raconter la suite !
« Peuh ! Disaient les chaussettes, tu as le beau rôle ! Si tu crois que c’est drôle pour nous…Elle nous sort du tiroir pour nous enfermer aussitôt dans les chaussures ! Sans compter que, enfin…vous voyez bien… à la fin de la journée…hum…nous ne sommes plus dans de la première fraîcheur! »
« Moi, dit une petite robe noire décolletée en panne de velours, j’adore l’accompagner car elle m’emmène dans des endroits brillants et colorés, pleins de bulles et de musique. Mais je finis souvent roulée en boule sur un tapis… »
Puis les tee-shirts ont râlé que je ne les portais pas assez, et que je n’en avais que pour les petits hauts à bretelles, les robes à fleurs qui virevoltent et les chemisiers en satin.
Les jeans ont pris ma défense en affirmant qu’ils étaient indissociables des tee-shirts en question…Bref, le ton est monté, les manteaux s’en sont mêlés…Et plus le ciré pleurait, plus les mitaines applaudissaient... les foulards s’agitaient, les caracos caracolaient, c’était un joli bazar dans mon armoire… Un corsaire haranguait les pantalons, pendant que le bustier bombait le torse.
-Et alors ? Et alors ?
-Alors…je me suis réveillée, et j’ai retrouvé pourquoi j’étais là, plantée devant mon dressing : j’avais une soirée, il fallait que je m’habille. Et je me souviens aussi de ce que j’ai pensé à ce moment-là !
-Ah oui ? Quoi ?
-J’AI RIEN A ME METTRE !