deux pour le prix d’une (Cavalier)
Impression
Canotier, ainsi flottant et naviguant, il peindra sur l’abyme. Et mille nénuphars se déploieront sur son esprit :
« … Peintre parmi l’impression, le bleu, l’or et le blanc ; la tache dans la matière ; rêveur en Marne ou Seine - mises en scène -, se voilant et ne touchant point la berge du savoir, mais colorant de verdure, huilant aux auvents jaunes vifs, et endimanchant à la hauteur du rêve une barque immense…
Au tableau du midi s’étalant, endormi, reposant aux matures le voilier des sillages. Alors, sans doute, les barques immobiles, traçant sous le soleil à la lumière des diaphanes, embrumant des visions précises sous le repos de l’astre…
Au Dimanche déramant, déclamant aux avirons des guinguettes sa passion aux dentelles des femmes, dans l’ombre des voilettes… »
Ballade pour une Sirène
Un jour pêchant dedans ma barque,
Tout occupé à mes filets,
Je me sentais le fier monarque
Des beaux poissons de la saulaie,
Elle émergea de son palais,
J’aime sa bouche veloutée,
Elle est comme du petit lait,
Je le sais car je l’ai goûtée...
Depuis ce temps elle me parque
Tout doucement dans ses galets,
Je me sens bien, je suis l’exarque
De tous ses thyms, ses serpolets,
De ses jolis cystes violets,
Et sous son cou, sa voie lactée
Qui est si douce à mon palais,
Je le sais car je l’ai goûtée...
Ses flèches quand elle les arque,
Fendant le vent, tendres sifflets,
Autour de moi posent leur marque,
Contre ma peau, doux chapelets.
Mes mots d’amour, mes bracelets,
Tournent vers elle en al dente,
Et prennent sa main sans délai,
Je le sais car je l’ai goûtée...
Sirène, tu es l’angelet
Peignant mon cœur pianoforte,
Avec ta grâce en chevalet,
Je le sais car je t’ai goûtée...
Cavalier