Participation de Venise
L’arbre est le frère de la rivière.
Ou son bon voisin, le grand se penche sur le fleuve et lui fournit l’ombre qui lui manque.
Dés fois l’arbre se penche vers la berge et lui envoie un oiseau pour lui tenir compagnie
Aucune rivière ne met la main sur l’arbre, aucune rivière ne refuse la barque d’écorce
Je ne pense à rien comme si j’étais un midi insouciant.
Je rame avec l’impatience de l’abeille, je rame et me dispense de savoir où me conduit le courant.
Je regarde vers le haut les yeux à demi- clos, je vois un soleil au zénith et un figuier long comme un minaret qui ne tient compagnie à personne.
La barque coule légèrement comme si elle était l’invitée de la rivière avec une joie orpheline
D’une enfant qui cherche les clefs de sa maison.
Je suis le seigneur de cette rivière, dans l’argenté de son vert ascétique j’ai trouvé ma couronne d’épine et de jasmin.
Chaque rivière a sa colline comme l’alphabet ses lettres, chaque rivière sa langueur
Ici l’éternité salue mon passage, et comme une femme qui se dévêt lentement dans l’imaginaire de l’amant je suis la feuille de l’arbre, le vent dans les vieux tilleuls, la truite dans
la l’aune.
Ici au cœur de cette éternité familière et insouciante je devine la langue des nuages.
Louée soit la légèreté louée soit elle !!!