Pourquoi le Père Noël préfère la cheminée (Poupoune)
La planque était sans doute déjà cernée, impossible de se tailler. Les flics donneraient l’assaut d’une minute à l’autre. Il fallait que j’agisse vite.
J’ai viré la latte du plancher sous laquelle était planquée l’héroïne, pour m’en débarrasser avant leur arrivée, mais Roger était aux toilettes et ne semblait pas en mesure d’en sortir rapidement : impossible de faire disparaître la came d’un coup de chasse d’eau. Il me fallait un plan B et, bien sûr, la cheminée offrait une très bonne alternative. J’ai allumé un feu n’importe comment, avec ce qui me tombait sous la main, et balancé toute la dope dans les flammes sans tarder.
Sauf que Roger ne débouchait pas plus les toilettes que la cheminée.
La fumée, au lieu de sortir joyeusement faire rire les oiseaux, a envahi d’abord le salon, puis toute la maison. Je nageais déjà en pleine euphorie quand les flics ont finalement débarqué. Entre le premier effet de la fumée, qui empêchait de voir à plus d’un mètre, et le deuxième effet – hin hin hin… le deuxième ! ha ha ! – la maison est vite devenue un gigantesque bordel.
Moi je riais comme une baleine, même si je me demandais si une baleine pouvait vraiment rire comme un junky défoncé, tandis que les flics se mettaient à tirer dans tous les sens en faisant la ronde autour de Roger qui, à peine sorti des toilettes, avait entonné l’hymne national tchèque. Ou angolais, je confonds toujours.
Tout ça m’a semblé durer des heures, sans doute parce que ça se passait au ralenti et à reculons, et je suis parti avant la fin parce qu’il fallait que je vérifie un truc sur les baleines.
Je n’ai pas revu Roger depuis, mais je crois qu’à sa sortie de prison il est devenu ramoneur.