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Le défi du samedi
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23 février 2013

Les dents de l'amer (Joye)

Henri avait déjà décidé de prendre sa retraite quand le toubib lui dit que sa santé pouvait devenir fragile s’il continuait son boulot, alors il n’hésita pas à suivre les conseils Après tout, cela faisait trois cent soixante-six ans qu’il crachait le feu et il était bien temps que quelqu’un d’autre prenne la relève.

Ses écailles étaient encore verdâtres, sa queue longue et encore féroce, et une fois son boulot terminé, sa santé habituelle et monstrueuse fut vite rétablie. Il aimait bien rester au lit le matin au lieu de pointer dans la forêt pour incendier le chevalier occasionnel qui passait. C’était un point d’honneur chez la brigade, depuis cet acte terroriste du minable crétin qu’on appelait Saint Georges. Henri et ses copains montaient encore la garde, d’une vengeance fière meurtrière pour leur camarade tombé.

Maintenant, le matin, Henri avait le temps de prendre un deuxième café, parcourir Le Monde, faire les sodokus et téléphoner à sa tante Lucille pour prendre de ses nouvelles. L’après-midi, il jouait trois fois par semaine à la pétanque avec ses camarades Restif le Chimère et Ulysse la Licorne.

Récemment, Henri avait même décidé de remplir ses autres heures en faisant du free-lance…quelques barbecues ci et là, des fêtes d’anniversaire des gamins – cela leur changeait des trucs MacDo - et ainsi de suite. Henri aimait se sentir encore utile à la communauté et, en peu de temps, devint très demandé.

Un jour le téléphone sonna et Henri pensait tout de suite que sa tante Lucille avait eu un malaise. Mais la voix féminine à l’autre bout du fil n’était pas celle de sa tante bien-aimée. C’était une autre.

-          Allô, bonjour, Henri Crache-Flammes à l’appareil. Que puis-je pour vous ?

-          C’est vous le dragon ?

-          Lui-même, madame. Je vous écoute.

-          Ici, c’est Gwendolyn de Latour. J’ai un problème, je me demandais si vous pouviez m’aider ?

-          Je crois bien, répondit Henri. Dites-moi ce que vous voulez que je fasse.

-          Il vaudrait mieux que vous veniez voir pour vous-même.

Henri nota rapidement l’adresse et puis chercha son sacoche qui contenait son portable ; son permis d’intermittent ;  un manuel de secours, au cas où ; deux ou trois biscuits pour les chiens - fort utiles s’il fallait en distraire un ou deux, les chiens ne s’entendaient jamais avec les dragons, et les plus idiots se faisaient parfois rôtir devant les yeux de leur maîtresse horrifiée - et quelques pastilles pour la gorge, s’il avait un peu post-feu. Puis il se rendit au 587 rue de la Tour.

Il vit bien devant lui le grand escalier que Gwendolyn lui avait décrit, l’escalier que le gnome du village utilisait chaque nuit pour aller faire le voyeur à la fenêtre de cette demoiselle dans la grande tour. Normalement, Gwendolyn aurait aimé une telle attention masculine, mais le gnome était moche, hideusement poilu, et pas très friqué et Gwendolyn savait bien qu’elle pouvait mieux faire. Voilà pourquoi il fallait qu’Henri détruise l’escalier…afin que quelqu’un d’autre de plus agile et vaillant vienne admirer les atouts de sa jeune cliente.

Trois heures plus tard, et au trente-sixième essai, Henri avait déjà avalé toutes ses pastilles et deux des biscuits pour les chiens – ayant raté l’heure du thé – mais  il ne pouvait absolument plus essayer de faire fondre le fer de l’escalier. C’était trop résistant. Mais au lieu d’admettre qu’il n’était peut-être plus au niveau – après tout, il avait une réputation à protéger ! – il fouilla dans le manuel pour trouver une solution…Ah oui, le célèbre manœuvre légendaire… le Coup de Mâchoire…il ne l’avait jamais essayé, mais trouva que c’était bien le moment !

-          Et cha, ch’est quand j’ai déchidé de mordre dedans, expliqua ce pauvre Henri à son dentiste le lendemain matin.

 

l'escalier

 

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Commentaires
A
J'espère qu'il avait aussi des pastilles qui éteignent le feu dans l'estomac et permettent une bonne digestion!<br /> <br /> J'ai bien aimé le permis d'intermittent.<br /> <br /> Maintenant, il faudrait réécrire la chanson : "Je suis dragon, je m'appelle Henri..."<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=Jcys3B3eBAI
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D
Oh, un joli conte de fée !<br /> <br /> Euh oui... Sans fée, mais tu ne peux pas penser à tout :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Ceci dit j'aime beaucoup le coup du "free-lance", pas mal du tout.
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T
quel gentleman ce dragon, à la retraite, plus rien à se mettre sous la dent. Belle histoire Joye. "j'aurai mieux fais de m'ach'oir "
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J
Moi c'est simple, je ne réponds qu'aux invitations de dame Tartine ! Je n'ai pas bien saisi tous les degrés (d'escalier) de cette histoire de mec qui crache le feu mais je te remercie de me rappeler le projet "99 dragons" : j'avais même oublié ce texte-là : http://motimagecitation.blogspot.fr/2012/03/les-chaises-piece-en-un-acte-pour-deux.html
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C
joli petit conte<br /> <br /> <br /> <br /> j'aime cette chute de dent,<br /> <br /> moi aussi...<br /> <br /> <br /> <br /> Gwendolyn sera bien payée en retour, car<br /> <br /> les dents de Dragon<br /> <br /> sont très prisées en pharmacopée Chinoise...<br /> <br /> <br /> <br /> :)
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V
belle idée l'histoire du dragon !!
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P
Le pauvre dragon Elliot n'a plus qu'à se rhabiller.... parce que lui, il n'a qu'une dent et n'aurait pu mordre dans cet escalier comme Henri crache flammes... bravo pour la chute ! c'est un grand risque dans les escaliers de ce type...
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M
Hi,hi,hi !!! J'ai bien ri !!! Excellente histoire !!! Ha, ha, ha, la fameuse manoeuvre légendaire qui mène tout droit chez le dentiste !!!! Drôlissime !!! :-D
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E
Ah ! Décidemment, les pauvres dragons on les exploite jusqu'au bout !! Il y a toujours une princesse pimbêche pour les mettre sur les dents !! :):) J'adore ton histoire bien déjantée :)
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K
comme walrus, je pense qu' Henri me servirait aussi tu peux le prêter un peu?<br /> <br /> bisousssssssssss<br /> <br /> katyL
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V
Les histoires à prendre au centième degré, j'adore !
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C
Pôve dragon... J'espère qu'il a un bon dentiste!?<br /> <br /> Et puis, l'escalier aurait pu fondre de confusion, n'est-il pas?<br /> <br /> Sourire<br /> <br /> Vanina
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W
Tu pourrais me prêter Henri un moment ? Ma femme a un chien qui fait rien qu'à m'embêter...
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P
Bonjour Joye, l'Escalier indestructible et le Dragon confondu : beau sujet. j'ai lu jusqu'au bout, entraînée par le feu du récit.
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C
Voila une histoire qui a du mordant!
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