Le Messager de l'Onde (Djoe L'Indien)
La lettre terminée, encerclée avec art
Au fil d'or, cachetée à la cire d'abeille
A glissé un matin au fond de la bouteille
Qu'un vieux bouchon de liège apprêta au départ
Il y était noté d'une écriture fine
Mille et autres secrets brûlant ses long doigts morts
Mille et autres désirs entachés de remords ;
Le goulot fut orné de rouge paraffine.
Un geste large et leste et la voici à flots
Prête pour un périple aux confins de ce monde
Sur le bleu océan que ses yeux bleus inondent
A la merci des dieux qui folâtrent sous l'eau
Quelque ondine mutine agrémente la lettre
D'un ou deux vers coquins, le soleil de minuit
D'argent les illumine, aussi l'or de la nuit
Qui tente sans succès derrière lui de naître
Le voyage se passe entre crêtes et creux
Et glisse entre les mots un parfum de vanille,
La tiédeur d'un atoll et les chants de Manille
Ou le feu capricieux d'un volcan sulfureux
Poséidon joueur dessus sa barque entraîne
Le pli et son étui à travers les embruns,
Glisse une perle blanche au sein de cet écrin
Qui trouvera peut-être une future reine
Une vague un beau jour à la terre le rend
Une femme ce jour musarde sur la plage,
Découvre ce présent provenant du grand large,
Hésite un court instant, se ravise et le prend,
Sort la feuille jaunie et commence à la lire,
Découvre des mots doux qui lui parlent d'amour,
De voyage au long cours ; elle est reine ce jour,
Répond à travers flots d'un flamboyant sourire.