Reflet (Vanina)
Je m’appelle Trèfle. A ma naissance, on m’a cru mort. Est-ce pour cela qu’aussi loin que je me souvienne, je suis captivé par les portes, les seuils, et autres passages ?
Il me revient parfois en mémoire, que pour m’endormir le soir, j’aimais la douce voix de Maman qui me lisait le roman de Lewis Carroll « De l’autre côté du miroir ». Encore enfant, je fus fasciné par le film de Jean Cocteau, « Le testament d’Orphée ».
Une nuit, endormi dans mon lit, j’ai rêvé que je passais, moi aussi, de l’autre côté du miroir de ma chambre.
Je n’ai jamais pu revenir.
C’est de là que je vois le mobile, fait de diodes électroluminescentes de différentes couleurs, qui illumine ma chambre de mille étoiles colorées dans une danse ondoyante. Cette silhouette que j’aperçois dans l’embrasure de la porte, il me semble bien que c’est Maman… Je tends les bras vers elle, mais elle ne me voit pas. Pleure-t-elle ?
De l’autre côté du miroir tout est flou…
Depuis quand suis-je là ?
Lorsqu’on n’est plus que le reflet de soi-même les choses ne sont plus si claires.
Je sors de ma poche un crayon et un petit carnet et je commence à écrire le livre de ma vie. Pour le moins, ce dont je me souviens. Mais dès qu’il passe de l’autre côté du miroir, les lettres s’effacent petit à petit, ne laissant à sa place qu’une image : cet instant figé où j’ai pris la décision de l’écrire.
Je m’appelle Trèfle. A ma naissance, …