26 janvier 2013
Pouvoir des Parques (Anémone)
Celle qui tenait le fil marchait en tête.
Elle était jeune encore, primesautière.
Elle tenait l'écheveau serré contre elle,
Et en guettait, avide, les entrelacs.
Comme la compagne qui la suivait
Ne touchait guère à la bobine,
Elle l'encouragea, mutine:
Déroule donc, et mieux que ça.
Ne te montre pas si mesquine.
La seconde qui de la vie
Connaissait mieux les aléas,
Répondit sans hâter le pas:
Je ne suis pas pressée.
Que cette petite profite
Comme il se doit.
Le moment viendra bien assez vite
Où la poussière elle mordra.
D'accord, fit la troisième, mais déroule ce fil.
C'est pour cela que nous sommes là.
Je m'arrangerai pour que le sort lambine
Et retarderai l'assassinat.
La plus jeune, entendant cela,
Eut un brusque revirement,
Retenant la pelote
Pour en freiner le mouvement.
Mais la deuxième finalement
Suivait la marche des événements.
D'un train égal elle avançait,
Niant tout attendrissement.
Tout se passa ensuite très rapidement.
Perfide et mal intentionné,
Il surgit d'un bosquet du parc.
L'aînée déjà levait le bras
Pour couper l'étroit filament.
Alors d'un seul coup d'oeil,
Les jeunes femmes se consultèrent.
Aujourd'hui elles dérogeraient à la règle.
Le couteau qui devait mettre fin à un jeune destin
En faucherait un autre.
On le trouva planté sans autre procédure le lendemain
Dans le ventre du malandrin.
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