Fantômes (Djoe l'Indien)
Sur les stèles de marbre apparaissent des ombres
La lune à l'horizon dévoile un ventre rond
Projette ses rayons parmi les pierres sombres
Ou ravive par là la fleur d'un liseron
C'est à cette heure-ci que s'éveillent les âmes
Et l'air devient si lourd entre les tombeaux noirs
Que même un chat errant s'éloigne de ce drame
A petits pas pressés, ne voulant rien savoir
De chaque tombe alors suintent les volutes
D'une brume grisâtre aux relents d'au-delà
Le brouillard s'épaissit entre les croix et lutte
Contre la lune blanche et son livide éclat
Les sculptures sans vie arborent une robe
Translucide, éthérée, ondulant sous le vent,
Qui s'accroche à la pierre ou parfois se dérobe
Sous le sinistre chant de quelque engoulevent
Des formes peu à peu s'agitent en silence
Dansent étrangement, se prennent par la main
Le brouillard devient danse, un fantôme s'élance
La nuit leur appartient au moins jusqu'à demain !
C'est une nuit de brume, aussi de lune pleine
La nuit des âmes en peine égarées ici-bas
Qui s'enroulent partout de leur fétide haleine
En chantant sans un bruit la Reine de Sabbat