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Le défi du samedi
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11 août 2012

LE PETIT BONHEUR (Lorraine)

             J’ai laissé ma voiture  juste avant le pont,  mon bureau d’architecte est de l’autre côté et je porte mes souliers bruns en veau fin, souple, des souliers d’homme élégant.  Je chantonne aussi à bouche close :

 

             « C’est un petit bonheur que j’avais ramassé, il était tout en pleurs sur le bord d’un fossé.

 

             Ca tourne dans ma tête. Il fait un de ces soleils d’automne à vous coller l’envie de tout plaquer, de vous envoler par-dessus les arbres et de planer, loin. Alors, j’ai bifurqué, oui, d’un coup, comme ça  sans me consulter vraiment, j’ai quitté le trottoir et coupant à travers une prairie, je suis parti vers le sous-bois dont je vois la cime se balancer. Une envie folle d’odeurs humides, de sentiers détrempés, une envie d’étang boueux et verdi. Et toujours cette rengaine du « P’tit bonheur ». Je marche. C’est vrai, j’aurais dû mettre mes basketts., ou mes vieux cloutés de randonnée.  Mais non, voyons,  j’allais au bureau, j’ai donc enfilé mes  souliers bruns en veau fin. Oui, je me répète, mais je me sens bien, comme cela ne m’était plus arrivé depuis longtemps.  J’entends le rare appel d’un corbeau, le doux grésillement d’un écureuil discret, la voix plaintive  d’une fleur. Une fleur ?... Une fleur d’automne comme je n’en ai jamais vu.  Assise au bord de l’eau, sa corolle de pétales jaunes humides de brume, elle a les larmes aux yeux. Enfin, c’est incroyable, une fleur ne parle pas ! Mais elle insiste, elle dit :

 

            « Monsieur, emmenez-moi, chez vous emportez-moi »...

 

            Je me secoue : impossible, ce sont les mots de la chanson, elle ne peut pas savoir que je la fredonnais, elle est sorcière, cette fleur ! Une fleur ?..

 

            Alors, j’ai bien regardé. Non, c’est une toute petite femme triste, haute comme une tige, qui tend vers moi des bras de verdure, des yeux de myosotis. Agenouillé près d’elle, dans le chemin détrempé, je l’ai prise dans ma main. Elle a souri, s’est assise dans ma paume, puis, couchée en rond, comme un chat, elle s’est endormie.

 

             Je l’ai emportée dans la poche de mon veston. Nous allons nous marier. Demain, je la présente à ma mère. Elle sera contente.

 

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Commentaires
L
J'étais aussi un peu enchantée qu'il ait trouvé...chaussure à son pied en traversant la campagne! Dire qu'il aurait pu passer à côté!...<br /> <br /> .-))
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L
Merci, Anémone, de me rappeler cette chanson d'autrefois! Je ne sais pas si mon personnage craignait une femme de sa taille, en fait, je ne le connais pas, je l'ai seulement rencontré au tournant de la consigne. Mais on peut tout supposer, tu as raison! ..
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M
Un petit bonheur devenu si grand !!! Comme Walrus !!! Je suis ravie, enchantée !!!!!
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A
Il avait peut-être peur d'une femme de taille normale faite réellement de chair et de sang? En te lisant c'est une autre chanson qui me revient en tête, que tu connais peut-être et dont le refrain est : "Mon père m'a donné un mari, mon dieu quel homme quel petit homme, mon père m'a donné un mari, mon dieu quel homme qu'il est petit!" Bonne semaine Lorraine.
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L
Merci d'avoir lu entre les lignes! Mon personnage a rompu avec la routine. C'est vrai que se laisser guider par son coeur plus que par la raison est quelquefois très bénéfique! Néanmoins, je ne suis pas certaine que mon héros au chaussures de daim ait vraiment trouvé le bonheur...
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L
A chacune son merci! Bon dimanche à vous trois.
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L
Tout juste! Meerci.
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L
Voilà qui me rassure! C'est vraiment gentil.
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R
joli conte ..<br /> <br /> qui nous dit en quelque sorte qu'il faut savoir rompre le quotidien, faire les choix du coeur ..<br /> <br /> <br /> <br /> je trouve que cela répond très bien au défi <br /> <br /> <br /> <br /> merci
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A
c'est un conte de fées :-)
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E
Un petit bonheur tapi au creux de la main...A l'aise dans ses souliers de veau fin...Une belle idylle en vérité !!
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J
♥ ♥ ♥
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K
je n'étais pas couchée !!<br /> <br /> répondre au défi, lire, un peu voir le résumé des J.O.<br /> <br /> bisous à toi Lorraine<br /> <br /> katyL
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V
fort heureusement il ne la pas prise entre ses dents l'histoire est sauve!!!
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W
Indulgents ? Enchantés, tu veux dire...
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L
Les chaussures lui ont montré le chemin. Je ne suis néanmoins pas sûre qu'elles soient responsables de l'idylle! Mais "Le petit bonheur" me trottait en tête et il m'a emmené sur la pointe de ses chaussures...Pas tout à fait conforme à la consigne, je l'avoue...mais ce sont les vacances et nos 'maîtres à penser" sernt indulgents, je l'espère!<br /> <br /> Bisous à toi, chère Katyl si tôt levée!
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K
les chaussures les responsables de cet heureux mariage !!! ils eurent combien de petits pieds??<br /> <br /> bisous chère Lorraine<br /> <br /> katyL
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