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Le défi du samedi
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4 août 2012

Par le trou de la serrure (Venise)

             Derrière la porte fermée à clef de Pétrarque coule une rivière cristalline. L’œil au creux de la serrure j’ai vu :

                                

Venise205 

 

            Ses cheveux noirs en désordre, il monte les escaliers de cette vieille demeure pour rejoindre Laure, sa muse qui dort près de la cascade.

 

Il est toujours désarçonné quand il pénètre dans ce lieu. Le bras du Seigneur devait être merveilleusement inspiré pour créer un tel paysage se dit Pétrarque

 

Laura est l’incarnation de la beauté ; elle se tient de dos au moment où Pétrarque referme la porte de sa chambre.

Maintenant ils se tiennent tous deux par la main pour plonger au sommet de la cascade.

 

C’est une forêt nomade qui leur offre à chaque fois la chance de rester des enfants.

 

Cette vielle maison de briques, Pétrarque la partage avec une usine à papier

 

Elle a sur sa face ouest un immense moulin à eau qui aspire la cascade qui dévale le vallon.

Le soir ils rentrent tous deux nus pieds sur l’herbe encore chaude

 

La maison semble froncer les sourcils quand ils tardent trop.

On peut avoir une chance insensée longtemps, sans pour autant grandir et du même coup éviter  ainsi de s’encombrer des soucis des grands

 

Pétrarque aime partir dans sa vie réelle à lui celle qui ne rentre en collision avec personne

Il y rejoint les fougères qui se noient dans la rivière et la mousse que préfèrent ses pieds.

 

Laura l’enchante, il a appris à nager avec elle au milieu des flots tumultueux de la cascade.

Les rosiers qui bordent l’eau sont là pour éloigner les curieux qui se seraient introduits par erreur dans sa chambre .

Le soleil comme une fine poudre d’or se fraie un passage entre la densité du feuillage des tilleuls.

 

 Pétrarque embrasse Laure, celle-ci se sert de jasmin pour en faire des boucles d’oreilles, elle a cousu sur le gilet de soie de Pétrarque un coquelicot qui songe à la nuit.

  Il faudra fonder la confrérie du jasmin et habiller toutes les jeunes filles les soirs d’été de la délicate odeur blanche de ces merveilleuses fleurs, filles des anges.

C’est ici la gloire de la jeunesse du printemps qu’on fête.  Au vingt ans de Laure se mêle la jeunesse

De la cascade.

Même maltraitée par l’hiver la cascade irradie de lumière transportée par de fines gouttelettes d’eau que le vent ramène sur le visage de Pétrarque.

 

Pétrarque à choisi de vivre derrière la porte de sa chambre où coule une rivière.

Ce qui est invisible pour tous a une telle densité pour lui que Laure est née de ce paysage

 

Elle est arrivée une nuit alors que la neige était tombée encore fraîche sur le sol

Depuis ils ne se quittent plus.

 

C’est un savant mélange d’écorce d’arbre et de miel des abeilles qui bourdonnent dans leurs oreilles

 

Un violent orage d’été les pousse à se retrancher sur un rocher habité par une libellule.

 

L’insecte a tenté à plusieurs reprises de passer le pas de la porte de la chambre de Pétrarque en vain.

Elle voulait être dédommagée du chagrin causé par Laure et Pétrarque

 

On ne pénètre pas ici sans cadeau en retour, la libellule continuait à battre des ailes comme une prière.

 

Les deux enfants ne prêtaient pas attention à la beauté de l’animal. Ils grelottaient assis sur cette grande paroi.

 

La forêt les enveloppait avec bienveillance.

Devrais-je errer comme une âme perdue toute ma vie dit la libellule ?

Je voudrais vous suivre de l’autre côté de la porte. Qu'y a-t-il là-bas pour que vous vous absentiez longtemps sans moi ?

 

Il te faudrait affronter la mort qui maraude et qui prend souvent d’étranges allures dit Pétrarque

Tu devrais te défaire de tes ailes et ramper comme un ver de terre dit Laura en riant.

En quelques minutes la libellule s’était blottie dans le châle de lin de laure

 

Elle grelottait de peur, un lys pas étranger à la conversation se pencha vers la libellule

Tu ne connais pas le code des hommes, reste ici ils viendront souvent te voir.

Nous aussi nous ne voulons pas partir du paradis, tous les jours nous négocions avec les anges notre passage

 

Laure et Pétrarque, Pétrarque et laure, une simple libellule s’est infiltrée dans le jeu de l’enfance c’est la brèche de l’âge qui vous fait perdre la clef de la porte et regarder au creux de la serrure

Si vous les croisez en remontant la cascade bordée de roses trémières

Prenez quelques galets et griffonnez un poème sur le bord de l’un d’entre eux.

Ne négligez rien lors de cette rencontre soyez attentif à tout. Le chant du rossignol, le cou penché d’une aigrette

Et le soleil ...  Griffonnez attrapez le zeste du vent

 

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Commentaires
D
Amusant parce que moi j'ai passé une semaine de vacance à Arqua Petrarca vers Pâques.<br /> <br /> Mais on n'a pas visité sa maison parce que le jour où on est arrivés devant, y'a tout un car de touristes espagnols plus ou moins bruyants (non, juste plus) qui ont débarqué et on a pris la fuite.<br /> <br /> Puis à force d'aller visiter alentours, ben en repartant on s'est rendu compte qu'on avait oublié d'y retourner :-)<br /> <br /> Mais c'est un chouette village bien sympa (pour jambes solides !).
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V
je suis allée dans le vaucluse< où pétracque résidait On dit que c'est ici qu'il a rencontré pour la première fois laure tres proche de la fontaine du vaucluse c'est un endroit magique !!<br /> <br /> je n'ai pu m'empécher d'imaginer leur rencontre !!
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D
Ainsi donc tu as fait vivre la belle à ses côtés.<br /> <br /> Aurait-il tant écrit si ça avait été le cas ? Mystère.<br /> <br /> Ou bien a-t-il vécu avec son rêve comme tu le décris ?
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A
Que de magnifiques trouvailles: "partir dans sa vie réelle à lui celle qui ne rentre en collision avec personne", "il y rejoint les fougères... et la mousse que préfèrent ses pieds", "les rosiers qui... sont là pour éloigner ceux qui se seraient introduits par erreur dans sa chambre", "ce qui est invisible pour tous a une telle densité pour lui que Laure est née de ce paysage"... De même que tant d'autres belles phrases! Et tout cela derrière la porte de la chambre où a choisi de vivre Pétrarque.<br /> <br /> Tu as su rendre ce dont j'ai voulu parler aussi dans mon texte venise: l'imaginaire plus dense et semblant plus réel que la réalité. Bravo à toi!
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K
beau!<br /> <br /> katyL♥
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Z
superbe !
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W
Cette serrure s'ouvrirait donc avec la clé des songes...
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J
C'est terriblement beau, et je suis triste pour ceux qui ne lisent plus guère de beaux sonnets d'amour impossible et non partagé. Bravo, Venise, ton texte a vraiment beaucoup de charme.
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M
Quel beau rêve romantique ! "Une forêt nomade qui leur offre à chaque fois la chance de rester des enfants." "La maison semble froncer les sourcils quand ils tardent trop." "elle a cousu sur le gilet de soie de Pétrarque un coquelicot qui songe à la nuit." Toujours ces images surréalistement poétiques ! De vrais tableaux où l'on aime se perdre !
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