Défi 185 (Venise)
Je réfléchissais aux causes de mon chagrin
Pourquoi je souffrais de solitude
De quoi la vie m’avait-elle privée ? Et alors que je versai une larme sur mon verre de porto
Et que mes pauvres lèvres desséchées retenaient un dernier râle de douleur au creux de ma gorge
Tous mes secrets explosèrent au contact de ma langue avec ce délicieux alcool.
Tout se précipitait dans ma tête ;
-Le jour où à Barcelone je m’étais fait lire les lignes de la main.-
-le miracle ambulant qu’était devenu mon père et la preuve vivante que l’alcool ne tue pas.
-le feutre noir de grand-père qui faisait de merveilleux tours de passe-passe dans la synagogue à la barbe du grand rabbin.
-le lycée où l’on me surnommait l’acrobate
Le violon de ma mère qui me laissait entrevoir le vaste monde ;
-Le nœud papillon de mon frère tel un chroniqueur mondain scintillant de paillettes.
J’ai eu besoin un moment de m’adosser à la grille du portail pour me retenir tant la tête me tournait.
Depuis combien de temps n’avais je pas ouvert la bouche pour respirer ? Je revis violemment le saule et la rivière et un insoutenable chagrin se répandait dans mon corps.
Le pouvoir du porto n’était pas négligeable dans les reproches que je me faisais.
Des larmes me montaient aux yeux.
Et la première fois oui la toute première fois !!!
Le dire était délicieusement balphématoire.de toute façon la vie m’avait pris ce que j’avais de plus précieux : la mémoire ;
Alors ce retour, cette fulgurance ,me rendait presque responsable de ma vie .
Je me vis écarté à coup de pied par des passants comme un chien juif dans une rue de Caracas ;
Je savais que j’étais en train de sombrer et que mes souvenirs revenaient comme un nénuphar à la surface.
- Je me vis comme autrefois en train de perdre de l’argent au poker.
- Et j’entendis quelqu’un me dire t’inquiètes tes livres se vendent bien !!!!
- Rue Proust avenue de la madeleine après l’impasse.Venise.