VILLE (Lorraine)
Le plus court chemin pour visiter Bruxelles ? Je l’ignore. Je m’y promène d’instinct, je coupe une ruelle, débouche sur un rond-point, emprunte une cour secrète, me retrouve sous un porche creusé d’un lit de pierre sur lequel dort pour toujours un seigneur entouré de touristes respectueusement perplexes.
Je ne vous conte guère l’histoire de cette cité où bouillonnèrent révoltes et révolutions, conquêtes et rebellions. C’est le sort de toutes les villes opulentes voici des siècles, que pourfendirent le peuple et la milice, le bourgeois et le gentilhomme. Il en reste quelques frontons déglingués de gloires oubliées, des lieux pittoresques, quelques tours d’enceintes, des demeures dont l’huis de chêne s’ouvre encore sous le gong du heurtoir de cuivre. Des vestiges ensevelis sous les embellissements successifs d’une ville pourtant riche de ses turbulents souvenirs.
En sus, Bruxelles incorpore ses rues dont les noms suggèrent des exploits ou…rien du tout. Peut-on trouver un point commun entre cette Rue du Melon et celle du Monténégro ? Le clos des Tulipes et le Chemin de Poésie ? Le Coin des Muses et le sentier des Oliviers ? Aucun sinon qu’ils sillonnent les communes, les colorent d’un sceau qui leur est propre et dont je ne puis vous dire qu’une chose : tous ensemble ils composent cette ville où je suis née et qui , dès lors, est mienne.