CHUT ! (Venise)
CHUT
Le Marchand de sable est passé
Dors petite sœur Dors.
Ensuite, on verra.
Dehors le monde a froid, il grouille hurle et siffle sur les collines.
Chut
Le marchand de sable est passé
Dors petite sœur dors.
Ensuite, on verra.
J’enferme derrière les fenêtres les aboiements des chiens
En bas les écarts entre les arbres permettent au vent de frapper les façades
Les mains des étoiles naines s’abattent sur le dos des cartables vomissant livres et cahiers.
Les vitres volent en éclats
Le marchand de sable est passé
Dors petite sœur dors
Ensuite, on verra.
Je mets les mains sur tes oreilles et je regarde la lune brouillée à peine par de minces nuages.
ça fait comme un bruit de tambour quand on tape
Et j’ai envie de déguerpir comme un lapin au son du cor de chasse.
J’ouvre les yeux sur l’ennemi comment faire autrement.
Le claquement des castagnettes des semelles de bois le gigantesque grondement des trois cent bombardiers et avions de chasse qui portent la mort dans le ventre.
CHUT Le marchand de sable est passé.
Dors petite sœur dors
Ensuite, on verra.
Un dimanche de couvre-feu de terreur, de violence et de dégoût avec en prime la tendresse des mères piétinée.
CHUT
Le marchand de sable est passé
Dors petite sœur dors
Ensuite, on verra.
Ne cherche pas le grand réveil
Ce n’est pas le début de la vie
Je traque pour toi les merveilleux sortilèges qui président à ta naissance
Le craquement du bourdon sur les fleurs d’églantiers
En attendant les belles ondes du vent, des morceaux de ciels nous tombent sur la tête
Chut
Le marchand de sable va passer dors petite sœur dors ensuite, on verra