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Le défi du samedi
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12 novembre 2011

Jacek était chef de gare ... (Sable du temps)

 

Qu'il l'a aimée sa gare ! proprette, fleurie, les trains toujours à l'heure et lui, sur le quai, très fier dans son bel uniforme.

Un mot gentil pour chacun, les paysans se rendant au marché, le docteur de la ville et sa femme si belle - bien le bonjour Madame - bonjour Jacek -

Les passagers le saluaient amicalement et les enfants lui enviaient sa casquette et son sifflet - dis Jacek, je peux faire partir la locomotive. -

La vie s'écoulait, simple, insouciante et joyeuse.

Et puis, est arrivé le temps du malheur.

les hommes ont posé d'autres rails.

Et d'autres trains sont venus, traversant la gare sans s'arrêter, pour finir le voyage quelques kilomètres plus loin, là où le travail rend libre.

Plus de sifflet, d'éclats de rire et de fleurs, juste la nuit et le brouillard.

Jacek n'a jamais pu oublier ... les wagons à bestiaux vomissant leur cargaison pitoyable, les cris, les pleurs des enfants terrifiés, le bruit des pas, le claquement des fusils, les grondements des chiens, les ordres aboyés par les soldats, weiter weiter ...
Rattrapé par ses cauchemars, hanté par l'écho de millions de voix, Jacek, devenu fou, s'est couché sur les rails.

Certains soirs de brume, l'ombre de Jacek glisse sur le quai désert et il n'est pas rare de l'entendre murmurer dans un souffle  :

- Oswiecim Oswiecim, terminus, tous les voyageurs descendent du train, Oswiecim Oswiecim, terminus, tous les voyageurs descendent du train, Oswiecim Oswiecim, terminus, tous les voyageurs descendent du train...

Jacek était chef de gare.

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Commentaires
S
écrire et poser des petits jalons comme ça pour ne pas oublier.<br /> Merci pour les liens.
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V
Terrible évolution que celle-là...<br /> Mais un texte très sensible.<br /> Sourire<br /> Vanina
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C
Un beau texte élégamment publié au lendemain du 11 novembre,pour que l'on n'oublie ni l'une, ni l'autre de ces deux horribles guerres.
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T
Le texte qui rend au début, le lecteur que je suis, nostalgique pour se développer dramatiquement et finir en tragédie. Fort poignant. J'adore le train, j'aime l’Allemagne d'aujourd'hui, mais impossible d'oublier ce qui s'est passé, ça et ça doit rester dans les mémoires.<br /> <br /> L'année dernière j'étais rester douloureusement scotché dans un musée à Berlin face à ce wagon du souvenir http://i43.tinypic.com/okbos1.jpg<br /> Ton excellent texte me le fait rappeler.<br /> <br /> Bravo de l'avoir écrit Sable du temps.
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E
L'horreur absolue...Un texte d'une force rare. Bravo.
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W
Horriblement efficace (si j'ose dire), chère Sable.
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V
On préfère le début évidemment mais on n'oubliera jamais la suite... malheureusement, un train peut en cacher un autre :(
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T
Le train de l ultime voyage, douloureuse image.Le souvenir rappel et tes écrits aussi.
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M
Nuit et brouillard ! De l'insouciance au malheur ! L'évocation de cette horrible période est poignante Sable du temps !!! On en frémit !!!!
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K
d'uatant plus que ces trains de l'horreur sont des marques indélébiles pour l'humanité toute entière...<br /> lire le livre de Gilles lAPORTE " la fontaine de GEROMOY" un ami Lorrain ( prix ERKMANN CHATRIAN)<br /> qui a écrit dans son livre, au passage d'un de ces maudits trains à VITTEL, ( à la fin du livre )il explique comment les habitants ont fait face aux allemands ( véridique) pour nettoyer les gens et leur donner à manger ( au péril de leurs vies) cette scène m'a fait pleurer, et en lisant ce passage je me suis dit :" tout de même encore de l'humain qq part dans cette barbarie" <br /> à lire<br /> c'est si bien décrit, si véridique, si poignant comme ton récit...<br /> ne jamais oublier que ce fut possible<br /> au nom des martyrs<br /> katyL
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J
Ah, oui, je sentais quelque chose dans le ton du début, et puis oui, l'horreur qui n'était pas du tout une fiction.<br /> <br /> Très fort, Sable du temps.
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