Défi 163 (Droufn)
Cette jolie petite boite aux lettres me fait penser à une histoire que l'on m'a raconté il y a longtemps ou que j'ai inventé, je ne sais plus. L'oncle d'un ami, jeune fonctionnaire célibataire, consacrait tout son argent à des voyages. Il partait sur tous les continents, prenait tous les moyens de transport possibles et ramenait une multitude de souvenirs qui encombraient toutes les pièces de son appartement. Sa passion c'était les souvenirs plus que les voyages par eux-mêmes. A chaque retour il remplissait une valise de babioles, vêtements, livres.. Tout ce qu'il pouvait trouver sur le pays qu'il traversait, même les brochures dans les avions, les savons des hôtels, les boites d'allumettes, tout, il ramenait tout. Mais jamais il n'a pu ramener quelqu'un à qui en parler de ses voyages. Personne avec qui partager son espace, alors il remplissait les vides par des souvenirs. Bien plus tard, à la mort de cet oncle, mon ami découvrit en vidant l'appartement de ses mètres cube de choses inutiles, une boite. Une boite à chaussures sans chaussure, mais avec des dizaines de cartes postales expédiées du monde entier. A y bien regarder il comprit en reconnaissant l'écriture qu'elles avaient été toutes écrites par son oncle, pour lui-même. A chacun de ses voyages il s'écrivait plusieurs cartes. Il notait à peu près toujours les mêmes mots « pour toi qui me lira. Souvenirs de xx.. » Peut être était il amoureux de la factrice ou peut être n'avait il plus foi en la vie depuis le début, on ne saura jamais. Car son dernier voyage c'est aussi lui qui l'a programmé. Mon copain, qui avait gardé la boite à chaussures, lisait régulièrement les cartes que son oncle s'adressait. Elles étaient toutes très belles, l'écriture magnifique. De sa plume sortait un vague et très lointain espoir, me disait-il. Le seul peut être qu'il n'ait jamais connu.