Quand ... (Venise)
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Quand orphelin de père,
Quand Jeanne sur le bûcher
Quand né à Pontoise
Moi, François Villon né
Puis adopté par,
Guillaume de Villon
Traversai cent ans de guerre
Un Paris en gueule de chien
Quand les marmites ne voulaient plus obéir
Quand les pierres se moquaient de nous
Moi, François Villon j’irai dans vos prisons en vain
En attendant la chambre de torture,
Quand j’irai dans une ballade cueillir ce qui reste des hommes
Et que les murs de leurs sourdes mains retiendront
Comme un troupeau nos hallucinantes ballades
Dormant entre le ciel et l’océan.
Pour guérir des peines inguérissables
Une balade bonne fille, pour me nettoyer le cœur
Une balade où les chagrins vont boire
Une balade et sous mon cou de chien
Ma rage à mettre le ciel en pièces.
Moi François de Moncorbier dit des loges
Soumis à la question, aux geôles de Charles d’Anjou
Soumis à la peine de la harde
Clame en cette ballade
Que la pluie qui nous trempe
En décasyllabes, en octosyllabes
Fait de nous de pauvres badauds
Vous qui passez par là
Ayez pitié de moi.