C'était un temps (Venise)
C’était un temps où on n’obéissait pas aux horloges
Un temps où grand père semait les carottes derrière la porte du jardin
Pendant qu’on jouait à colin Maillard sous les grands tilleuls
Il ya quelque chose d’indéfinissable que je retiens de cette époque là
On ne s’ennuyait jamais.
On comptait jusqu’à trois dans nos costumes d’ingénus.
Voilà j’y suis ça ne fait pas un pli le sablier file son train
Sable émouvant grain de malice je fais des ricochets avec le gravier de la rivière
Point de bout qu’il faut joindre, ici le pied ne vaut pas le soulier qu’importe
On est tous des géants et c’est du bon sang qui coule dans nos veines
Ici c’est le temps où l’on rate les trains,
C’est un temps, plein les poches
Où la mioche que j’étais ne tenait pas le premier rang
Dans le grand livre de juillet
Où j’écrivais que dans la marge
Dans cette marge d’où l’on prenait le large
On partait à la chasse aux lézards et aux pommes de pin
Voilà le préau et son vieux tableau noir
Qui brocarde ma mémoire
Ici je suis chez moi au cœur d’une étoile de mer qui fut un temps
Une piqure d’abeille.