Révélation (Célestine)
Le soleil éclate au zénith. L'air bruisse des chaleurs d'insectes. La branche ploie sous mon poids.
Je cherche du regard un impala, fugace silhouette de la savane, craintive et vive.
A perte de vue, la broussaille, le ciel d'un bleu de plomb, des troupeaux d'éléphants de loin en loin escortés de leurs pique-bœufs.
Mon appareil photo pend , idiot, au bout de sa bandoulière, suspendu à sa branche de baobab.
Je ne pense même plus à photographier ce qui s'offre à moi.
Un spectacle à couper le souffle.
Le premier matin du monde, dans sa nudité parfaite, où l'homme ne sert à rien, où il n'est même pas encore là. La nature vierge, intacte, inconsciente. Comme ce vol de flamants, ces acacias majestueux, ces rochers émergeant de l'immensité sauvage.
Et là, très exactement à cette minute, en un instant je saisis l'enjeu. Je deviens le messie d'un nouveau monde. Un monde à reconstruire. Un monde vrai.
Mon Nikon s'écrase au-dessous de moi, sur la terre sèche de Tanzanie.
Et je tourne mon regard vers l'astre flamboyant. Un regard enfin vert.