Au fond de l’encrier, il y a… (Mamido)
Au fond de l’encrier, il y a …
… Une petite fille de trois ans qui fait sa première rentrée à l’école maternelle. Elle porte le beau tablier à carreaux « vichy » bleus et blancs que sa maman a cousu pour la circonstance.
Une petite fille timide et malheureuse parmi les autres et qui pleure tous les jours pour aller en classe…
Une petite fille qui aime peindre, dessiner et écrire entre deux lignes l’histoire de Totolitoto, avec son crayon à papier.
Au fond de l’encrier, il y a …
… Une petite fille de six ans, qui dès son entrée au CP, se met à adorer l’école.
Elle vient de découvrir la lecture, les études et en est à jamais éblouie et changée.
Au fond de l’encrier, il y a …
… Une adolescente de treize ans qui décide qu’un jour elle sera institutrice, à l’école maternelle.
Que veut-elle réparer, elle qui, petite, s’y est trouvée si malheureuse ?
Au fond de l’encrier, il y a …
… Une jeune fille qui réalise son rêve et qui pendant trente ans qui passent comme l’éclair, ira chaque jour dans les petites classes, raconter des histoires, lire des albums, apprendre aux tout-petits.
Les encres employées sont multicolores et ce n’est pas avec une plume qu’on les dépose sur le papier mais avec un pinceau, voir même un coton-tige !
Au fond de l’encrier, il y a …
… Cette dame dont les cinquante ans s’annoncent et qui décide brusquement de consacrer ses dernières années dans l’éducation nationale à l’aide aux élèves les plus défavorisés.
Avec eux, chaque jour, elle essaiera de délayer l’encre trop noire de leurs difficultés afin qu’ils trouvent enfin du plaisir à lire et à écrire.
Au fond de l’encrier, il y a …
… Cinquante-trois rentrées des classes… pour l’élève et l’instit’…
… Cinquante-trois années scolaires bien remplies.
Et puis, l’an dernier, au terme d’une carrière qu’elle n’a pas vu passer, la dame a rendu son tablier et abandonné son cartable.
Elle aurait pu aussi laisser sa plume et fermer l’encrier…
Mais, impossible ! Car elle continue à écrire… pour le plaisir !