THE AMAZING TRAVELS OF FOOTSWORTH SCHOEMAKER, Volume 1 (Joye)
On volait déjà à dix mille pieds dans le petit coucou et mon compagnon, Pedro Ortega, tapait des pieds d’impatience. Lui qui tomba aux pieds d’une belle Italienne l’été dernier voulait bien remettre les pieds dans le Piedmont, histoire de se jeter encore à ses pieds (à la nénette, pas au mont) et lui déclarer son amore et son désir de vivre de grand pied avec cette ragazza pour toujours !
C’est qu’il me cassait les pieds avec de tels histoires, je me raidissais sur mes pieds à chaque fois que je l’entendais, j’avais envie de lui filer un coup de pied dans ses stupides fesses.
Oui, ça volait bas dans ce coucou, trop bas ! Je voulais bien que le pilote mette son pied sur la pédale, comme on dit (il fallait plutôt retirer sur le joug, pour ceux d’entre vous qui prennent les histoires au pied de la lettre et se connaissent en aviation, mais bon, c’est mon histoire, n’est-ce pas, alors je la raconterai comme je veux, même si ça sent des pieds, merci, vous n’avez pas à vous y emmêler les pieds, hein ? Merci. Non, je ne me suis pas levée de pied gauche ce matin, non, merci, non, tout va bien. Parce que je vous le dis hein ? Bon ! On ne se mettra pas sur le pied de guerre pour si peu, hein ? Bon. On se comprend !).
Alors, où en étais-je ? Ah yes…l’avion qui volait trop bas. S’il ne s’élevait pas plus rapidement, on allait devoir sauter à pieds joints. Ce pilote volait comme un pied ! J’allais devoir le remettre à pied.
Je me levai.
- Où tu vas, Footsworth ? me demanda Pedro.
- Aux toilettes.
- Y a pas de toilettes dans ces petits coucous, Footsworth Shoemaker, tu es bête comme mes deux pieds !
Bon. Il avait raison pour les toilettes. Je me rassis.
- T’as un Kleenex ?
- Pourquoi ?
- Parce que je ne me mouche pas du pied !
Pedro me regarda avec de grands yeux, comme si j’avais les deux pieds dans le même sabot. C’était clair qu’il ne savait pas sur quel pied danser. Alors, je lui fis un petit pied à nez, et il se mit à rire.
L’avion montait un peu plus correctement, et je me sentais enfin plus à l’aise.
Le reste du voyage eut lieu plus ou moins normalement, même si je ne veux jamais plus remettre le pied au pied du Piedmont où Pedro souhaitait enfin prendre son pied avec sa bella, Punta Grassa.