Trésors (Adrienne)
Quand Michaël est rentré de l’école ce soir-là, il a jeté son cartable dans un coin de la cuisine, d’un geste machinal. Il s’est affalé sur une chaise. Il était fatigué, il avait faim. Il avait traîné un peu avec les copains, comme d’habitude. Il faisait déjà noir. Ses devoirs, ses leçons, il les ferait plus tard. Ou il ne les ferait pas. Ce ne serait pas la première fois…
Sa sœur était occupée à côté. Son père venait de rentrer du travail et tripotait encore un truc au garage. Sa mère était aux fourneaux. La table était mise. Ça sentait bon. La viande grésillait dans la poêle.
Tout à coup, il y a eu un boum formidable. A l’instant même, les flammes atteignaient déjà le faux plafond, les rideaux se sont embrasés, une épaisse fumée a tout envahi. Michaël, sa mère, sa sœur, n’ont eu que le temps de sortir de la maison en courant.
Par les carreaux cassés on pouvait voir un brasier d’une violence incroyable. Le père a sauté dans sa voiture et l’a mise en sécurité dans la rue. Michaël avait son portable dans sa poche, il a appelé les pompiers. Les voisins ont accouru puis sont restés là, hébétés, impuissants face à l’ampleur du drame.
Dix minutes plus tard, des trombes d’eau finissaient d’anéantir tous leurs biens. Les meubles, les vêtements, les appareils ménagers, la literie, les photos, les souvenirs : ils n’ont rien pu sauver, rien récupérer.
Ce que Michaël n’a jamais réussi à comprendre jusqu’à aujourd’hui, dix ans plus tard, c’est pourquoi dans sa fuite il a eu l’idée d’emporter son cartable.