De là-haut (Val)
Dans mon entreprise… enfin… ce que j’appelle… dans l’entreprise qui m’emploie, 80% des salariés travaillent au rez-de-chaussée.
Il y a pourtant deux escaliers. Qui mènent à deux groupes de bureaux.
L’un des deux escaliers vous conduira tout droit (heu… tout haut) à différents cadres et directeurs. L’autre, carrément à la Direction. Avec un D majuscule.
Aussi, les salariés, lorsqu’ils « montent », c’est pas pour rien.
On monte se plaindre, s’expliquer, on monte parce qu’on est convoqué (et c’est pas toujours de bonne augure), on monte revendiquer, se défendre, dénoncer. Parfois, on menace un collègue : « Si ça continue, je vais monter ! ». Le collègue sait parfaitement bien où, inutile alors de le lui préciser.
Alors quoi ? Alors, tout se joue « là-haut ». C’est là-haut, en haut d’un escalier ou de l’autre, que se font les choses, là que nous sont accordées ou refusées nos demandes de congé, là que l’on reçoit les blâmes, là que sont décidées les augmentations, les promotions. C’est là-haut que sont prononcées les sanctions, entendues les doléances. Là-haut.
En France, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais bien souvent, les provinciaux qui doivent se rendre à la capitale disent qu’ils « montent à Paris ». Les gens des Charentes montent à Paris, ceux du Pays Basque montent à Paris, ceux du Perche montent à Paris. Je ne connais pas de gens qui vivent dans le Nord. Que disent les gens qui vivent dans le Nord ?
Nous, en tous cas, on « monte « à Paris. Parce que Paris est haut. Et sous des explications géographiques, j’y vois autre chose. On monte à Paris parce que c’est à Paris que tout se joue. L’art –les arts-, la culture, la politique… Paris !
On y monte parce qu’à Paris tout se décide.
Et universellement, il y a quoi, là-haut ?
Dieu regarde ses fidèles de là-haut.
Le Père Noël, de là-haut, voit si les enfants ont été sages ou non.
Là-haut. C’est là que le sort du monde est statué. D’ailleurs, c’est pour cela que les enfants, on les « élève ». On a tous compris que pour toute chose, il fallait monter haut.
Dans un petit contexte comme le lieu de travail, ou dans un plus grand, quasi universelle, c’est toujours là-haut que tout se joue.
Et chez soi ?
Je ne sais pas vous, mais moi, chez moi, j’ai aussi un escalier. Qui conduit « la-haut », à l’étage.
Et, qu’y a-t-il, chez nous, là-haut ?
La chambre à coucher.
Hey ?