Participation de Venise
- Je voudrais quelques marches d’escalier taillées dans la pierre de lune.
- Non tu auras un ascenseur !!
- Je voudrais des marches pour saisir d’une main brute la couverture du ciel.
- Non tu auras un ascenseur !!
- Je veux comme un petit bossu
M’arrêtant parfois dans la montée
Escalader ce grand escalier.
- Non tu auras un ascenseur !!!
- Je ne suis pas indifférent au souffle de ma vie
Qui me porte tout en haut de l’escalier.
- Tu iras plus vite avec un ascenseur.
- Oui, cela suffit !!! Tu ne m’entends pas !!!
Je veux des marches d’escalier
Qui se dressent comme le roseau
Et découpent dans le vide l’architecture de mes pas.
Je veux marcher de tout mon souffle comme ce grand escogriffe.
Tu te demandes - encore - comment ça tient un escalier ?
Ça tient comme les pages d’un livre
Qui n’a jamais été ouvert.
La première marche est grossièrement taillée,
C’est l’ébauche du livre des marches.
Sur la deuxième, un outil a été oublié.
Un ciseau et le geste auguste du maçon.
Je n’en veux pas de ton ascenseur !
Où se perdront les corneilles et les chauves souris ?
Et le songe qui avance la nuit sur la blancheur du marbre.
- Avec un ascenseur, tu économiseras ton souffle et tu gagneras du temps.
- Et moi si je veux le perdre mon temps et donner mon souffle à ceux qui grimpent avec moi les marches du temps.
Alors va au diable toi et ton escalier !!!
Tu as le cœur enneigé et tu es un être servile à tant de modernité.
Que vivent les escaliers de part un monde qui brûle les corneilles et le songe.