consigne 49 (rsylvie)
-« Pas à tordre du bonnet, cette femme est folle à lier.
Voir une orchidée dans ce chiffon fortement colorisé.
Fallait pas avoir la tête bien sur les épaules ».
Magali houssine de droite à gauche. Elle voudrait faire pipi. Seulement c’est pas l’heure de la sortie… tenir encore une quart d’heure et l’entretien sera fini. Elle essaie de se vétiller comme elle peut et se remet au travail. Seulement l’inspiration est partie, aussi soudainement que cette envie pressente est apparue. Magali oringue à la volée le travail de ses petites camarades punaisés sur les murs de la salle d’attente. Pas folichonnes toutes ces couleurs croupionnées les unes aux autres. « Tien La Sandra a vraiment fait du bon boulot » pense-t-elle. Un coup d’œil devant, un coup d’œil derrière, « pouah ! C’est moche » ébousine-t-elle en découvrant la réalisation zibée à droite.
-« Magali peux-tu me warranter son dessin ! toi qui a le nez en l’air depuis plus d’un quart d’heure » bolchevise une blouse blanche. Tarmacadmisée, l’enfant reste muette. Impossible de paloter tant elle est contrariée d’avoir été démasquée par cet homme qui connaît son nom. Elle qui n’a encore parlé à personne depuis que….
Car voyez vous, Magali joue un rôle. Elle n’est plus « la p’tite pépette d’amour de papa et maman » depuis son admission dans cette grande maison pleine d’étrangers Elle n’est plus elle, mais une autre. Fini la gentille fillette qui licher la joie de vivre. Maintenant elle queute d’une lame acérée tout ce qui l’approche. C’est une tueuse, une méchante qui ne veut pas qu’on l’aime ! C’est plus fort qu’elle, il faut qu’elle rudente tout ce qu’elle touche.
Non elle ne veut pas imaginer un joli papillon. Alors qu’elle voit le rouge du sang de ses parents qui se déchirent. Le jaune de la colère qui monte en eux. Le vert froid de la violence dans leurs yeux. Le bleu de la vie heureuse qu’elle n’aura plus jamais. Bien sur qu’elle voudrait y voir l’espoir d’être à nouveau leur petit trésor à tous les deux. La possibilité d’une réconciliation et de vivre tous réunis dans le petit deux pièces, à trois pas du tramway. Seulement le vieux monsieur, aux lunettes trop petites pour ses gros yeux gris, a dit que « c’était fini tout ça. Elle devait être une grande fille et apprendre à vivre sans ses deux parents réunis. Que c’était pas de sa faute s’ils n’étaient plus ensemble, mais tout simplement qu’ils ne s’aimaient plus. Par contre, tous les deux l’aimaient très fort ».
-« Puisque vous êtes incapable de parler… Restez pas à moitir, et faites moi un joli dessin sur cette feuille ». D’un geste de colère, Magali s’empare d’un tube, tournoie jusqu’à godronner la feuille blanche avant de la tendre à la blouse blanche… pour s’enfuir en direction des sanitaires se soulager, et pleurer tout son saoul, jusqu'à sa prochaine mise en scéne.