Promesses d’enfants... (Fafa)
- J’ai froid Jonathan.
- Moi aussi Jennifer mais
regarde,
devant il a l’air d’y avoir du soleil, il f’ra sûrement plus chaud,
avance !
- Où est-ce qu’on est Jonathan ? Ne m’laisse pas hein !
- T’inquiètes, j’t’ai promis
que
j’te laisserai jamais toute seule ! J’en sais rien, j’en sais foutre
rien
où on est mais on est pas pire là qu’à prendre une rouste par papa à la
maison...
- Dis pas ça Jonathan, ‘y a Maman à la maison, j’ai froid...
- Je sais moi aussi mais plus loin il y a de la lumière, du soleil j’en suis sûr, il va nous réchauffer, pis Maman elle a jamais rien dit pour empêcher papa ‘te foutre des gifles, tout juste bonne à prendre sa défense et à nous dire qu’il est gentil en fait que c’est juste quand il a but qu’il est comme ça... ça nous fait une belle jambe, i’ boit tous les jours de toutes manières !
- Comment on est arrivé là ? Tu crois qu’on est loin d’la maison ?
- On verra bien quand on arrivera au bout du ch’min, on va sûrement tomber sur une baraque ou un pat’lin et ‘y aura quelqu’un pour nous dire où on est et avec un peu d’malchance, nous ramener chez nous... avance s’il te plaît.
- La dernière chose que j’me rappelle c’est que papa était très fâché parce que Maman n’avait pas fait cuire de viande, qu’il avait très faim et que je faisais trop de bruit en jouant avec ma dinette...
- Ouais moi aussi j’me rappelle de ça et aussi qu’il a commencé à t’engueuler. Regarde, on se rapproche, on dirait que c’est une clairière, p’t-être qu’i’aura d’aut’ chemins avec des panneaux qui donnent les directions !
- Pourquoi il est méchant comme ça papa ?
- Il est pas méchant, c’est juste un pauv’ type qu’est pas foutu d’trouver du boulot et qui dépense le fric des ASSEDIC au bistrot avec d’aut’ pauv’ types comme lui !
- Arrête de dire ça, j’aime pas quand tu parles comme ça. S’il était comme ça Maman serait pas amoureuse de lui ?
- P’t-être bien qu’il était pas comme ça au début, p’t-être bien même qu’il était gentil avant. Regardes on arrive à la clairière, t’as vu toute cette lumière !
- Oui, et puis ça sent rudement bon en plus, je commence à sentir la chaleur ! Je crois qu’il était vraiment fâché cette fois ci...
- Ouais, j’crois qu’il a pas tiré son ceinturon cette fois ci, j’crois qu’il a pris l’manche à balai...
APPROCHEZ LES ENFANTS.
- Qu’est ce que c’était Jonathan, j’ai peur !
- J’en sais rien, t’inquiètes, j’suis là. Qui êtes-vous ? Montrez-vous !
APPROCHEZ LES ENFANTS, N’AYEZ PAS PEUR.
- Si c’est un coup du vieux il va me l’payer, il te touchera plus jamais tu m’entends, s’il lève encore la main sur toi j’irai chercher son flingue dans le placard de leur chambre et j’lui en colle une dans l’buffet ! Va t’faire foutre connard, tu lui f’ras plus jamais d’mal !
APPROCHEZ LES ENFANTS, SOYEZ SANS CRAINTE.
- J’ai peur Jonathan, c’est pas papa. Lui je l’ai vu après qu’il m’ait tapé avec le manche à balai, Maman criait j’me souviens, lui il se tenait la tête et il lui criait dessus pour qu’elle se taise quand t’es revenu de la chambre, tu criais toi aussi et puis...
- Oui, je m’souviens moi aussi...
N’AYEZ PAS PEUR LES ENFANTS, VOUS ETES EN SECURITE.
- J’y voyais que dalle parc’que j’pleurais, il gueulait comme une baleine contre Maman et il lui tapait d’ssus aussi avec le manche à balai. Quand il a vu que j’tenais son pistolet il est venu vers moi, lentement, il ne disait plus rien. J’ai vu sa main prendre le long couteau sur le bord de l’évier. J’lui ai crié d’arrêter mais il a pas écouté, alors j’ai tiré. Il est tombé à g’noux, pis il s’est rel’vé, ses yeux étaient complètement rouges, il avait un petit filet de sang qui coulait au coin d’sa bouche, il a fait encore un pas, j’pouvais plus bouger.
VENEZ VERS MOI LES ENFANTS.
- Il s’est arrêté, il m’a r’gardé, pis il a r’gardé sa ch’mise toute rouge et il est tombé à plat ventre. J’ai fait le tour de la table et je t’ai vu...
... Je crois qu’je sais où on est Jennifer, n’ai pas peur.
SUIVEZ LA LUMIERE MES ENFANTS.
- Tu crois qu’on est au... Paradis ?! Mais toi papa il t’a pas tapé dessus ?
ENTREZ DANS LA LUMIERE MES ENFANTS.
- Je t’ai promis que j’te laisserai jamais toute seule soeurette... Où qu’tu ailles j’irais avec toi... Croix d’bois, croix d’fer !