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Le défi du samedi
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19 juin 2010

DEUX ANGES (Jo Centrifuge)

Un jour mes parents décidèrent de retourner vivre en ville. Il fallait, pour mon bien, m'éloigner de la cabane de mon enfance.

Mon père l'avait construite sur la première branche d'un chêne majestueux près de la maison. J'y accédais par une petite échelle. Faite de quelques planches, le soleil de midi la transperçait de part en part. J'aimais y retrouver, dans une étincelante nuée d'anges virevoltants, mes trésors d'enfant.

Le plus précieux d'entre tous était Ambroise, un gosse de mon âge. Dans ma douce solitude d'enfant (j'étais fils unique) il était mon seul ami et confident. Il était le frère que mes parents ne pourraient plus jamais m'offrir. A vrai dire, moi seul le voyait.

Plein de candeur je parlais ouvertement d'Ambroise à papa et maman. Si cela inquiétait mon père, ma mère semblait l'accepter plus volontier, quand bien même, je le comprend aujourd'hui, ce devait lui crever le coeur de pitié à mon endroit et de culpabilité.

De plus en plus je me réfugiais dans la cabane. Aux heures les plus chaudes, assis ou couché dans les rais de lumière, je passais des heures à côté de la petite fenêtre d'où m'apparaissait Ambroise.  Je lui racontait ma vie et lui me suggérait quantité de nouvelles aventures : le goût sucré des fleurs de trèfle, l'art de tresser un chapeau de paille, ou bien la science du braconnage et de la pose d'un collet...

Ma mère faillit piquer une crise de nerfs lorsqu'un soir elle me surprit tenant dans mes petites mains un ortolan tout sanguinolent. Mon père, furieux, hurla qu'il allait retirer l'échelle de la cabane. Mes larmes n'apaisèrent en rien sa colère. Mon coeur se serrait alors qu'il m'aboyait qu'Ambroise n'existait que dans ma tête, qu'il me fallait l'oublier et me faire de vrais amis.

Je me souviens avoir pleuré toutes les larmes de mon corps. Quand mes parents vinrent me trouver pour tenter de me consoler, je les vis si tristes que je me décidai enfin à leur avouer la triste histoire qu'Ambroise me ressassait à longueur de journée. Il était le fruit des amours adultères d'un juge et de sa gouvernante. Lorsque Ambroise fut pris à voler une miche de pain au marché, son père qui l'avait abandonné, las d'attendre l'oeuvre de la faim ou de la maladie, le fit pendre à un chêne, celui là même ou trônait ma chère cabane. C'était il y a des siècles. Voilà pourquoi il m'apparaissait toujours par la petite fenêtre, son triste visage vaporeux se balançant lentement dans la chaleur du soir.

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Commentaires
L
Les parents sont rétifs devant le petit camarade inventé, alors qu'il permet à l'enfant toutes les aventures, tous les héroïsme, et comble souvent sa solitude intérieure. J'aime beaucoup cet Amboise d'un autre siècle, inventé ou revenant, qu'importe! Il est "l'invisible" et s'est glissé sous ta plume pour revivre. Merci à toi!
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J
Il y a trop de fenêtres dans cette cabane. Même si le paysage a l'air grandiose, je crois bien que ça me bloquerait ;-)
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K
oui pourquoi certaines personnes ne verraient-elles pas l'invisible aux yeux des autres ??? pourquoi certains enfants ou adultes n'auraient pas une "intuition" une "vision" extralucide une "perception extra sensorielle " ????<br /> Je crois bien volontiers à cette histoire de petit fantôme qui viendrait tourner autour du chêne, les lieux sont habités par d'autres avant nous ...
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C
l'ami imaginaire, fantôme de la cabane... une histoire pleine d'émotions.
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T
Très joli conte fantastique qui sort du temps et nous confronte à la magie des enfants
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K
De l'ambiance "Pagnol" du début, on glisse doucement vers "Le juge et l'assassin", on hésite aux marges du fantastique et la belle fin me rappelle l'atmosphère du "Horla" de Maupassant... Bravo Jo Centrifuge !
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V
ambroise est immortel ,la preuve il résiste au temps et à l'oubli
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B
On a beaucoup d'imagination quand on est enfant !<br /> J'aime beaucoup ton histoire.
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W
Jo est gentil, heureusement. Je me souviens de films d'horreur utilisant des thèmes similaires.
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M
"Deux anges" tu as bien choisi ton titre Jo ! Un récit où le fantastique vient se mêler au réel. Les yeux des enfants peuvent voir ce que les adultes ne perçoivent plus. J'aime beaucoup !
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F
Une fin comme je les aime, imprévisible. Le style aussi me plait bien.
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V
Les cabanes de notre enfance recèlent parfois de lourds secrets, réels ou imaginaires... jolie atmosphère, Jo.
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J
Ouh, une belle histoire de revenant ! Bravo !
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Z
une belle histoire d'enfance <br /> hante ici toi amboise...
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