Au coeur du Québec (Joye)
Au
cœur du Québec, pas loin du Saint-Laurent, dormant près du Chemin du Roy,
Y
a une cabane à sucre qui résiste au temps, aux vents qui cognent ses murs de
bois,
Dans
le temps, filant, emportés par les vents, on entend encore des gens qui
chantent
D’un
amour toujours dans la forêt autour, les arpèges de neige brillante,
Il
s’appelait Pierre, il n’avait pas vingt ans, aux yeux noirs qui luisaient comme
un feu.
Tout
remplis de ses rêves doux comme des flots de sève, cueillie des érables des
aïeux.
Au
vallon, le don de la nature est bon : la promesse de richesse est moins
sûre.
Un
amour toujours de la forêt autour, que protège la neige si pure ?
Là,
avec sa blonde, unis contre le monde, ils rêvaient des fortunes immenses.
La
cabane, leur palais, l’amour qui les brûlait, la forêt résonnait de leur
romance.
Dans
la nuit, la lune luit sur cette vieille cabane qui rappelle la belle et son amour.
Dans
ces bois, les voix qui chantent dans le vent un amour toujours bien vivant…
À
la mi-janvier, la sève l’attendait. Pierre perçait doucement l’écorce des beaux
érables rouges
Saignaient
sous ses gouges, pleurant pour l’homme de toute leur force.
Et
le bleu du feu ne calmait pas le jeu. Le sirop brillait trop comme l’or.
Ce
liquide druide se changeait en cristal, et le sucre, un lucre magistral.
Mais
un jour, la nature a pris sa vengeance dure. Là-haut sur la pente, il neigeait
fort.
Un
arbre est tombé, et Pierre, salement blessé, est rentré à la cabane, presque
mort.
Jamais
larmes, ni charmes, n’ont pu sauver ce gars déjà las dans les bras de sa belle
Et
sans feu, le froid bleu, l’a tuée à son tour.
Les
érables ont pleuré donc pour elle, aussi, si froide dans la nuit…
Au
cœur du Québec, pas loin du Saint-Laurent, dormant près du Chemin du Roy
Y
a une cabane à sucre qui résiste au temps, au contraire de toi et de moi…
Jamais
charmes, ni larmes, ne pourront nous sauver d’un temps qui passe sans arrêt,
Mais
toujours, l’amour, il faut bien le chanter, comme l’arpège des neiges passées.