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Le défi du samedi
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29 mai 2010

brûlot (Poupoune)

J’ai brûlé une première bougie en me disant que ça me ferait sûrement penser à l’amour qui a consumé mon cœur jusqu’à n’en laisser plus que des cendres. Ça n’a pas marché, j’ai seulement pensé que ça mettait drôlement longtemps à se consumer, une bougie.

J’ai essayé avec une deuxième, dont un peu de paraffine m’est tombé sur le doigt. Alors j’ai pensé que c’était étonnant que ça ne m’ait pas fait mal et j’ai joué avec les gouttelettes qui coulaient le long de la bougie jusqu’à me brûler. A partir de là, j’ai essentiellement pensé « putain de merde mais quelle conne ». Approximativement.

A la troisième bougie, je me suis souvenue de la question de ma fille deux jours plus tôt, qui me demandait pourquoi il y avait du bleu dans les flammes. J’ai pensé que je n’en savais foutre rien, mais que j’aurais pu lui répondre un truc bête comme « parce que ce sont les fleurs bleues qui brûlent d’amour ».

En allumant la quatrième bougie, j’ai pensé qu’il fallait absolument que je reste bien concentrée sur cette flamme et rien d’autre, pour que ça fasse naître de belles pensées. En la regardant brûler, j’ai pensé qu’il fallait absolument que je reste bien concentrée sur cette flamme et rien d’autre, pour que ça fasse naître de belles pensées.

Je ne vous ferai pas l’énoncé complet des pensées qui m’ont traversé l’esprit pendant la combustion des bougies 5 à 9, sachez simplement que la plus con était « tiens, mon frigo respire comme un ogre » et la plus profonde… non, oublions la plus profonde. Autant que vous puissiez croire que je suis effectivement capable de profondeur.

A la dixième, j’ai pensé que j’avais un sacré stock de bougies. Il faut dire qu’outre les « restes » traditionnels de l’anniversaire pas rond qui ne tombe pas sur un multiple de nombre de bougies dans une boîte, j’avais également un paquet neuf de bougies « princesses », acheté sans doute en trop lors des dernières festivités pour ma descendance. J’ai pensé aussi qu’il faudrait donc que j’en rachète pour son prochain anniversaire.

L’atmosphère commençait à devenir un peu étouffante. La fumée s’élevait, en volutes que je devinais élégantes à la faible lueur de mes bougies, mais mes pensées toujours pas.

J’ai fini par tricher en allumant deux bougies à la fois et j’ai essentiellement passé le temps qu’elles ont mis à fondre à me demander laquelle s’éteindrait la première. Mon incapacité absolue et très inattendue à me sentir inspirée par ces saloperies de flammes a commencé à me miner un peu.

Pour finir, il ne m’est venu aucune pensée digne de vous être donnée à lire ce soir. Aussi ai-je décidé, puisque je n’ai plus de bougies, mais qu’il me reste des allumettes, de m’immoler par le feu et d’essayer de vous envoyer mes pensées de l’au-delà.

Si ça marche, la prochaine fois, brûlez un cierge.

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Commentaires
C
La consigne ne précisait pas quel genre de pensées nous devions avoir, si ? :-) Au final, ce texte est très plaisant !
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K
Oh, trop bien, Poupoune ! D'abord réjouie par ton inattendu côté romantique ("les fleurs bleues qui brûlent d'amour"), j'ai jubilé quand l'atmosphère a commencé à devenir "étouffante"... et quelle chute hilarante et si bien amenée !
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J
Les enfants devraient interdire aux parents de jouer avec des allumettes. En même temps, c'est si beau, vu de nos cocons, le spectacle d'un papillon qui s'en va se brûler les ailes...<br /> Le sado-maso, finalement, une fois sur deux, c'est bien !<br /> <br /> ;-))
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M
Des essais qui valent un coup de maître ! J'ai bien aimé "« tiens, mon frigo respire comme un ogre »". On suit très bien et avec plaisir le fil de tes pensées. Belle prestation !
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T
Ben oui, mais là ça va pas c'était écrit UNE bougie .. s'il y en a qui font des stocks .. alors ! Mais ça valait le coup.. joli texte pour une qui n'a pas d'idée...
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P
Au moins saura-t-on que vous ne puisez pas votre inspiration à la lueur des bûchers qu'on redoute. Dans un verre d'eau ? Un verre mais pas d'eau ?<br /> <br /> Sinon, à titre personnel, je suis ravi que vous ayez senti la morsure de la cire chaude, Vous êtes donc faites comme nous tous, Poupoune.
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S
Je me demande moi si c'est pas mon ordi que je vais passer aux flammes, ce matin, où est le com que j'avais laissé? Bon, ben sympa ce texte, et rassurant pour tous les laborieux de la méditation et des profondes pensées comme moi! <br /> PS Il paraît que c'est super difficile à brûler le corps humain, sans carburant associé, mais je suppose qu'une grande spécialiste des morts pas naturelles comme poupoune le sait mieux que moi!:)
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P
J'ai beaucoup aimé ce texte. Quand j'ai vu la consigne, j'avoue avoir reculé devant la perspective d'étouffer à moitié dans l'odeur de bougie en train de brûler ... Et de fait, c'est ce à quoi ton texte me fait penser, en plus de tout le "non sense" charmant qui fait sourire. Et c'est bien écrit, qui plus est.
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V
chère jeanne ,ce défi t'inspires le plus beau sacrifice et nous révèle enfin tout le mystère de ce fameux bucher!!
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V
J'aime bien ce genre de compte-rendu d'expérience qui ne démontre rien sauf l'acharnement qu'on a à vouloir la poursuivre quitte à s'en brûler les doigts... peut-être un jour trouveras-tu la réponse
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A
très très drôle, Poupoune! :-D
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J
Maaaaaaaais ! tu t'es vue quand tu fais ta Jeanne d'Arc ?!? ;o)<br /> <br /> J'aime bien te lire comme ça,Poupoune, loin du macabre. C'est très, très bien. Aussi.
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Z
non poupoune restez c'est super ! (non pas de feu avec le super !)
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