Lettre à l’attention de Marie-Elisabeth Royaume des Ekharts (K _ _ _)
Chère Elise,
La beauté s’incarne en vous, belle Elise, vous ne pouvez pas le nier. Vos traits, vos gestes ont conquis mon cœur lors de ce bal où vous m’avez obligeamment accordé cette danse.
S_ _ _ _ _ _ total se fit en moi et j’implore dorénavant votre mansuétude : j’ai dû vous sembler bien ballot, n’esquissant le moindre sourire, n’articulant la moindre parole.
D_ _ _ _ _ , sous l’emprise de votre personne, me suis trouvé sous l’empire irréel de votre charme. Cette valse m’a semblée si courte qu’à peine commencée elle était déjà finie.
Votre carnet de bal si généreusement rempli vous orienta sans un regard vers un de mes cousins éloignés : heureux homme !
R_ _ _ _ _ _ _ je le fus aussitôt, comme sorti d’un rêve merveilleux où vous m’auriez ensorcelé. Cependant, je ne saurais vous blâmer en aucune façon de plaire autant ni d’étinceler de la plus parfaite manière.
M_ _ _ _ _ _ murmurante que voici pour vous exposer ma flamme et mes vrais sentiments. J’étais coi, interdit et fort heureusement j’ai depuis repris mes esprits, mes sens et l’usage du verbe.
F_ _ _ _ _ _ _ _ _ j’espère vous me reconnaîtrez car sans être vouloir paraître infatué on m’avait présenté à vous, excellente pianiste, comme homme tout entier voué à la musique.
S_ _ _ _ _ _ _ _ est ma vie et la vôtre mondaine, Soleil vous rayonnez et sombre je demeure. La musique est ma vie, mon âme, ma raison d’être mais depuis que je vous ai vue son emprise sur moi semble comme s’être atténuée, voilée, assourdie… Maîtresse elle habitait tout mon être et désormais elle semble comme une humble servante qui quémanderait de l’ouvrage. En votre honneur elle m’a inspiré cette « bagatelle en la mineur » que tout naturellement je vous dédie et intitule « Lettre à Elise ».
Puissiez-vous accepter cet hommage et mon plus grand plaisir serait de vous voir et de vous l’entendre jouer au piano-forte.
Votre dévoué serviteur,