Souvenirs, souvenirs (Jaqlin)
Il y a quelques années déjà, j’ai emprunté un train qui circule sur une seule voie ferrée…
A l’époque, nous étions résidents à Djibouti et nous n’avons pas résisté à l’attrait de ce voyage- mythique dit-on- jusqu’à Addis-Abeba, capitale éthiopienne dont le climat est bien plus clément que celui de cette corne d’Afrique, réputée pour être la plus chaude au monde.
Je ne fus pas déçue du tout par ce périple, digne d’un autre temps ; imaginez la foule bigarrée des marchands locaux, qui, avec une ou deux paires de poulets qu’on va échanger au prochain arrêt contre des articles moins comestibles, qui avec bébé dans le dos, solidement coincé dans le boubou coloré, qui encore avec l’instrument de musique qui permettra de jouer quelques accords à la pause de Dire- Dawa pour ramasser quelques piécettes.
Tout au long du voyage ; comptez plus de dix- huit heures pour arriver au terminus ; à chaque arrêt, vous pourrez assister aux tractations des vendeurs de khat,- feuille euphorisante (abrutissante ?) strictement prohibée mais toujours largement consommée- sous le regard bovin et tolérant des askaris de service !
A peu près à mi – parcours, arrêt obligatoire à la gare de Diré Dawa, en pleine brousse, avec possibilité de se restaurer au « buffet » de la gare : le menu, local, n’est pas mauvais, pour peu qu’on veuille bien fermer les yeux sur les conditions d’hygiène !
Notez au passage que des fenêtres de ce train, sans vitres évidemment, on peut admirer gazelles et autres grands koudous ou impalas qui défient – je crois d’ailleurs qu’ils gagnent – le tortillard à la course. Les zèbres eux, vont jusqu’à s’approcher lors des ralentissements et acceptent volontiers bouts de pain ou restes de fruits… C’est, assurément, la partie du voyage la plus intéressante.
Las ! Je crains de parler au présent d’un voyage qui, selon mes renseignements, n’est plus possible et qui plus est, fortement déconseillé, on peut lire ceci dans des nouvelles relativement récentes :
Réseau ferroviaire
Une seule ligne à voie unique relie Djibouti à Addis Abeba. Le trafic est majoritairement consacré au transport de marchandises, avec seulement un ou deux wagons voyageurs par convoi. Le taux d’accident est relativement élevé. Il est arrivé que les convois soient attaqués et pillés, et les passagers rançonnés dans la région éthiopienne de Dirre-Daoua. Le trajet Djibouti - ADDIS Abeba (environ
J’ai donc bien fait de suivre cette voie quand il en était encore temps ; elle reste , dans mes souvenirs, un des plus marquants.