Et on avait pris le train (Val)
Tôt le matin, on avait pris le train. On occupait tout un wagon. On portait tous nos petits sacs dans le dos. Et des k-ways. Il pleuvait un peu, ce matin là. Sur le quai de la gare, j’avais marché dans une flaque d’eau.
On avait tous pris le train. Je ne garde aucun souvenir du train, ni même de la destination.
Ce dont je me souviens, c’est que je portais des chaussures bateau blanches. Ce dont je me souviens, c’est que les lacets étaient en cuir, et qu’étaient mouillés, probablement à cause de la flaque d’eau. Mes lacets mouillés « glissaient » et n’arrêtaient pas de se défaire.
De voir mes lacets ainsi défaits, ça m’incommodait. Je ne savais pas faire les lacets. Je me revois encore me retourner vers l’arrière du wagon, et chercher la maîtresse des yeux. Je me souviens de mon hésitation : « J’y vais ? J’y vais pas ? », de mes yeux qui, tour à tour, regardaient les lacets, la maîtresse, les lacets…
Et j’oscillais.
Mes chaussures dénouées, ou la maîtresse qui dirait « Quoi ? Encore ? » ?
Rester dérangée par mes lacets défaits, ou risquer d’importuner la maîtresse ?
Je crois que j’ai passé une grande partie du trajet à songer à mes lacets dénoués et à hésiter. Je ne sais plus si j’ai fini par aller lui demander de mes les renouer.