Railleur dérailleur et train de sénateur (Kate)
- Cher ami dérailleur,
Tiens, j’vous en fiche mon billet
Que sur ce champêtre et printanier trajet
Vous ne serez pas vainqueur !
- Dame Prudence, quel honneur
De longer avec vous cette voie ferrée !
Mais vous devez vous tromper
Et préjuger quelque peu de votre valeur…
- Pauvre ami railleur,
La longueur de vos oreilles n’est égalée
Que par votre outrecuidante vanité
Qui méprise cette simple course d’une heure !
- Mon bel ange batailleur,
Passez première je viens après,
Vous pouvez déjà vous fatiguer
Puis je doublerai sans peine votre lenteur.
- Monsieur le joli cœur,
Je reconnais là votre mâle fierté,
Même au défi, si galant vous demeurez,
Tandis qu’à fond je démarre pour un ailleurs !
- Ma mie charmante sœur
Déjà le but, gare, vous atteignez,
En vain je me rue et soudain vous gagnez :
De cette course ferroviaire je ne serais donc pas vainqueur ?
- Messire mien ami pauvre looser,
De votre folle paresse encore vous témoignez.
Dame Prudence à petits pas comptés de vous a triomphé
N’escomptez nul pardon, pédant et suffisant railleur !
- Ma dame censée, vous partîtes à l’heure
Alors que folâtrant au vent je musardais
Insouciant heureux sans opiniâtreté
Pour à l’arrivée pouvoir dignement vous couvrir de fleurs.
- Perdant pourtant, bel enjôleur
Tranquillement insensé, vous l’admettez,
De votre feinte paresse le doute en moi s’est insinué
Merci à vous qui m’accueillez avec les honneurs !