Le Temps (Lorraine)

Le Temps arrive de loin , il ne s’en souvient pas toujours  mais sa mémoire a brusquement de belles éclaircies : Oui, il était à Reims en 497 au baptême de Clovis, roi des Francs, mais aussi au mariage de Maximilien d’Autriche et de la Princesse Charlotte de Belgique en 1857. Il a ourdi l’union de Marguerite de Valois avec Henri IV en 1572 mais si huguenots et catholiques s’empoignèrent, il le jure, il n’y est pour rien.

Ce sont les hommes et leurs ambitions qui sont responsables des assassinats, des guerres, des massacres, depuis le début du monde.Peu après le Paradis Terrestre,  il a bien tenté de détourner la main de Caïn qui tua son frère Abel mais si le Temps est pacifique, l’humain l’est si peu !

La Temps, mais oui vous le connaissez ! Il était debout près de votre berceau et depuis il marche à vos côtés. Il lui arrive de courir, ou de traîner, ou de rêver, comme vous, comme moi. Mais bon an, mal an, il nous accompagne depuis notre naissance.

Il est un peu farceur, le Temps. On croit le diriger, le posséder mais ce funambule nous file entre les doigts pendant que nous vivons notre premier bal, notre premier amour, notre première déception. Il est tellement aérien, léger, il se transforme en bulle de savon, il flotte, il pèse, il réfléchit, il s’ennuie, il nous ennuie, il se souvient…

Ah ! comme il se souvient bien, le Temps, de ce que nous aimerions oublier, de ce que nous avons perdu. Il s’attarde quelquefois, il console, il guérit. Il pèse lourd à ses heures, il se fait discret, on l’oublie, on ne pense plus à lui…Et le revoilà, tellement présent, deux ans plus tard : « Cette ride, tu ne l’avais pas ? Ton ami, où est-il ? Tu ne vas pas pleurer, je suis là, moi… ». Il est toujours là, pour rappeler ce qui fut et n’est plus, ces années qui passent en silence, l’âge soudain bien présent.

Est-il un ami ? Cela lui arrive. Un ennemi ? Je ne pense pas. Il « est », tout simplement, impalpable et pourtant redoutable, allant son chemin jusqu’au bout. Jusqu’au bout du nôtre…Le Temps passe. Notre temps est passé…

Comments

[zigmund]

j'aime cette idée du temps qui chemine à nos côtés...il s'en dégage une certaine sérénité

[captaine lili]

Je m'aperçois que je ne peux avoir cette vision sereine du temps... dans mon histoire, il peut être un ennemi...

[MAP]

Comme Walrus j'ai beaucoup apprécié le temps funambule. C'est ainsi que je me plais à l'imaginer et hop il se transforme en bulle de savon ! Impalpable et redoutable. Tu l'as vraiment bien cerné Lorraine ! Bravo !

[Lorraine]

Le temps a un long trajet à faire; Il n'est pas encore à bout de course...Amicalement, Vanina.

[Lorraine]

Le temps a beaucoup de facettes. J'en ai cerné quelques-unes, pas toutes! Il me faudrait beaucoup plus...de temps!

[Lorraine]

le temps peut être un compagnon plutôt qu'un accélérateur! je le préfère ainsi!...

[Lorraine]

Oui, la sérénité du temps, je connais! Merci à vous.

[Lorraine]

Heureuse que mon funambule te plaise! Le temps a tant de travestis, si on veut s'y attarder! Merci, Walrus.

[Lorraine]

C'est vraiment gentil ce que tu écris là! Non, je ne connaissais pas l'histoire dont tu parles, mais elle est pleine de de rêve et de douceur! Merci de tout coeur pour ton passage et tes mots.

[Vanina]

Un temps pour tous et tous pour le temps!
OKi, je sors...
Un joli texte qui part du passé pour effleurer l'avenir.
Sourire
Vanina

[valerie]

Une jolie description, que je trouve objective.

[venise]

tu n'as pas perdu ton temps en l'écrivant!!ce temps compagnon est une belle image

[papistache]

On devine qu'entre lui et vous le climat est plutôt serein... l'un aura apprivoisé l'autre.

[Walrus]

J'ai adoré le funambule qui file !
Très beau texte, Lorraine, et qui conforte un peu le mien.

[joye]

J'aime beaucoup ! Te lire, c'est comme écouter quelqu'un qu'on aime écouter, c'est agréable et on ne voit vraiment pas passer le temps.

Je me demande si tu connais l'histoire qui dit que la vie est à l'envers, qu'on devrait commencer sa vie vieux et gâteux, vivre une retraite, recevoir une montre en or et puis travailler jusqu'à son enfance, et puis finir comme la lueur aux yeux de son papa...ton texte est beau comme celui-là, Lorraine.