Otto (Claudio)
Trente ans de permis. Trente ans de voiture.
Et trente ans d’œillades salaces sur sa plaque d’immatriculation.
Certes, Otto n’était pas le seul Rhônais estampillé 69.
Mais, lui, ça l’avait agacé dès le début cette histoire. Mais que les gens sont bêtes ! Il en avait développé une pathologie certaine.
Chaque voiture suiveuse se moquait de lui, c’est sûr. La paranoïa alla s’amplifiant.
Le psychothérapeute, à bout de forces, proposa le déménagement.
Hannah s’en mêla et proposa le divorce. Comprenez ! Son phantasme se transforma en obsession, tant la phobie de son mari virait à l’impuissance.
« Département érotique, mon cul ! » C’était son juron préféré.
Ces deux chiffres, tête-bêche, avaient bousillé sa vie. Mais quelle idée, ce reflet concave !
Seulement dix chiffres à trouver et il a fallu en inverser deux. Quel manque d’imagination ! Encore un coup des arabes !
Otto, risée de tous, s’enferma. Sa femme et ses enfants partis, il passait ses journées sur Internet.
Sa vie ne tenait qu’à un fil.
Fil qui se coupa net lorsqu’il découvrit qu’un défi d’écriture, dit du samedi, portant le numéro 96, proposait de plancher sur l’effet miroir.