L'étrange histoire d' Olivier le chapelier (boitagants)
Je reviens tout de suite, avait dit Odile, cinq minutes, montre en main. Et elle avait laissé l'acte en suspend.
Sans hésitation, elle avait attrapé de sa main gauche son chapeau vert de gris en velours brossé, rehaussé d'un galon de satin noir et d'une boucle ocre, qu'elle avait précieusement déposé sur le troisième crochet du porte-manteau en entrant, et de sa main droite un des couvres-chefs préférés d'Olivier, le feutre anthracite en velours souple, doublé de rouge . Mais, peut-être plus troublée que d'habitude, elle avait déposé le sien sur l'anatomie d'Olivier et celui de ce dernier sur sa propre tête, avant de se précipiter hors de la boutique,
Resté seul, le chapelier constatant l'erreur de sa maitresse hésita à la héler, partagé par le désir de retrouver son chapeau préféré et la peur d'être retrouvé dans une position aussi délicate. La peur l'emporta et l'élégant jeune homme resta silencieux, s'efforçant de demeurer totalement immobile, ne bougeant pas un orteils, pas un doigt et priant pour que personne, ne l'apercevant pas derrière sa caisse, n'ait l'idée de venir lui prêter main forte.
Toutefois, il pestait intérieurement : « C'est toujours la même chose! Elle a une urgence à chaque fois! Personne d'autre ne peut se charger de ce genre d'opération bon dieu? Et il ne manquerait plus que quelqu'un mette la main sur mon magnifique stetson! Pourvu qu'il ne lui glisse pas des mains! Pourvu qu'elle s'aperçoive de son erreur et qu'elle revienne! »
Ah! C'était bien la dernière fois que le prenait à fricoter avec un chirurgienne!