Au cimétière de la Mère Tabouret (Sebarjo)
Au cimetière
de la Mère Tabouret
Au cimetière de la Mère Tabouret, tel un DJ vampirique, je suis allé scratché sur vos tombes.
Puis, sur
une stèle instable, entre le trépied bancal et le dolmen érodé,
je me suis assis et ai pris la forme statufiée du Penseur de Rodin.
Dans les
allées de ce square macabre, les tombes poussent et s'alignent tel
un champ de maïs où l'on trouve de jolis grains sous leurs
épi-taphes...
J'en ai
collecté une hante-au-logis gravée sur le granit rose, le
marbre gris, le bois noir ébène qui forment les écueils ceignant
les cercueils de ce parc ombragé. Me voici comme un haijin fossoyeur
car chaque épi de ces staffs, est une épitaphe sous forme de haïku.
Je vous en
livre ici un florilège :
Ami souviens-toi
Du feu maréchal Putain
Qui tua sans merci
Père, grand-père
Des enfants du marais, seuls,
Sous les fleurs d'Honfleur
Etouffé Jimi
Ta guitare s'est évanouie
Putain de vomi
On te voit danser
Le long des nuages clairs
Chanteur de la mer
Te voici vieux loup
Près de ton petit garçon
Bien loin de Paris
Adieu l'ami
Tu es loin de tes Marquises
Mais sans nous quitter
Mais mon préféré, celui que je
garde pour ma fin, le voici :
Faut pas trop s'presser
On a toute la vie
Pour pouvoir crever
A graver sur gravats quand l'allègre vie s'aigrira et s'aggravera...
C'est-à-dire au plus tard !!!
©Photographie de Keisuke Mutoh. Trouvée sur Wikipédia ici-même...