Une surprise spontanée (trainmusical)
En raccrochant le téléphone, je ne sais plus trop où j’en suis, tellement cette découverte me stupéfie. Me voilà récompensé après de longues et moult recherches réalisées de fil en aiguille, en contactant de nombreuses organes officielles. Je bois du petit lait, tellement ma satisfaction est grande d’avoir réussi ce que d’autres ne sont pas parvenus à repérer.
Dans ma vieille armoire en bois de chêne, je me sers un petit verre de liqueur, pour savourer cette victoire. Cependant je ne le finis pas, car je ne souhaite pas être pompette. C’est que le choc de la surprise passé, je décide qu’elle ne doit être pas informée de ce que je vais entreprendre. Ce jour se prête merveilleusement bien pour cet évènement, donc le temps presse. Je m’assure que cette visite est réalisable. Pas facile de préparer une telle escapade en catimini. Une fois le lieu exact de l’institution connu où elle se trouve, je peux enfin réserver une place à bord d’un vol régional, la seule qui est encore libre. Décidément, la chance me sourit ce jour.
Malgré le nombre de passagers à l’aéroport, l’embarquement se déroule sans attente. Pendant la petite heure de voyage, je ris sous cape, car je m’imagine son expression quand elle me verra. Je cogite quel mot vais-je exprimer en premier. Le voisin assis sur le siège à mes côtés, très bavard, me raconte ses vacances passées dans un endroit, semble-t-il, paradisiaque. Seulement, je perds le fil de la discussion, mon esprit étant totalement ailleurs. Je pense à elle, je plane sur un nuage au sens propre et au sens figuré. Après l’atterrissage, je déambule rapidement en bas de la passerelle et je traverse au pas de course l’aérogare, afin de quérir le premier taxi libre. Nous traversons des villages aux rues illuminées. Les rues sont toutefois désertes. Dans quelques instants je vais la voir.
Arrivé dans la maison de retraite, je me dirige vers la salle de séjour. La pièce est sobre et est entourée de murs tapissés aux couleurs brunes, mélangées avec des teintes roses orangée. La grande table est amplement décorée pour l’occasion. En cette veillée de Noël, plusieurs résidents sont réunis avec leurs proches. Elle, avec une certaine émotion, je la perçois d’emblée. Elle est installée dans un simple fauteuil avec des semi accoudoirs. C'est la seule résidente qui n'a pas de visite, car à cause de la guerre, elle a perdu toute relation avec sa famille. Je m'approche d'elle. J'ai à peine le temps de lui prononcer Joyeux Noël, qu'elle me serre de toutes ses forces dans ses bras pour me dire que c'est le plus beau cadeau de sa vie qu'elle n'ait jamais eue, et que la surprise est absolue !
Pour moi aussi, c'est le plus beau de mes cadeaux, de revoir ma maman après ces quinze années de séparation, sans savoir où nous étions. Toute la nuit nous parlons, racontons nos différentes vies, oui de tout, sauf de Noël, car le temps nous a manqué... C’est un splendide réveillon que nous saisissons comme cadeau céleste !