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Le défi du samedi
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31 octobre 2009

Sandaraque girodyne (papistache)


Pièce d’amour en un acte


Acte I, scène 1
(Elle et lui... mais c'est lui qui commence)


Lui — As-tu bien dormi, mon amour ?

(Il se tourne sur son côté gauche et pose sa main droite sur le ventre de son épouse.)
Elle — J’ai eu très chaud cette nuit. Je me suis réveillée, je bouillais. Tu dormais, ton corps était frais.
Lui — Tu es fraîche, ce matin.

(Sa main s’est glissée entre peau et étoffe, il caresse doucement le flanc gauche de sa compagne.)
ElleJe me demande si ce ne sont pas ces bouffées de chaleur qui accompagnent la ménopause*.
Lui — Non, je n’ai rien senti de cela vers la cinquantaine.

(Son genou droit s’est posé sur la cuisse de sa partenaire, il se love contre elle.)
Elle  Tu veux parler d’andropause** ?
Lui — Non, quand j’étais de sexe féminin, avant, du temps où c’était moi qui laissait incuber nos embryons dans mes sacs vocaux. J’aimais bien... Tu te souviens  qu’il fallait que je tousse pour les expulser et que je craignais toujours d’en avaler un ou deux.

(Il a logé son visage dans le creux de l’épaule de celle qu’il étreint avec amour.)
Elle Tu faisais incuber les petits dans tes sacs vocaux ?
(Il lui mordille le lobe*** de l’oreille. Elle tourne la tête.)
LuiLe médecin m’avait interdit de les loger dans mes pores fémoraux, trop de risques de ne donner naissance qu’à des mâles avait-il dit. J’aspirais les œufs et je gonflais les joues. Je salivais comme un malade à cette époque. « Une » malade. C’est quand je t’ai connue que j’ai changé de sexe. Au début, on permutait nos organes à chaque rapport sexuel. C’est devenu de plus en plus difficile. On a cessé en... 1985. L’année où il a plu des entrecôtes.
Elle —Arrête, tu me chatouilles ! En 85, c’était pas plutôt du bourguignon ?
(Ses plumes se hérissent, il n’aime pas qu’elle lui demande d’arrêter**** ni qu‘on le contrarie. Il se lève, ouvre la fenêtre et, détendant ses pattes postérieures, d’un bond surprenant pour son âge, plonge dans la mare.)
Lui Ce soir, je rentre tard... pense à faire du beurre, j’invite les Épinards.
Elle — Si tu coasses Monique, rappelle-lui qu...

(Les paroles de son épouse ricochent à la surface de l’eau. Il s’éloigne en soignant sa brasse. Elle allume la radio. Au flash de 8 h 15, le journaliste annonce, en direct, que l‘auteur de cette pièce ne porte que des pantalons de taille 40. Une bouffée de chaleur l’envahit.  Elle se lève. Dehors, une pluie de petites pâtes commence à tomber. La  mare se vide en faisant un bruit de siphon. Elle pousse un soupir***** de soulagement : elle n’avait plus de crème fraiche et n‘avait jamais aimé la compagnie des Épinards.)

* relig. Calendrier martyrologue de l’Église grecque.
** mammifère domestique plus petit que le cheval.
*** sextuple champion du monde de rallye
**** « Arrête de me dire arrête ! »
***** Ouf !

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Commentaires
L
Je ne fais vraiment pas le poids
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W
L'elle ou la cuisse ?
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B
On parle d'un canard là? Finalement je vais aller reboire une tite vodka moi! <br /> En fait j'ai relu, c'est super tordu, j'adore!!!
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M
Théâtre d'avant-avant garde !
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V
C'est étrange, au début, j'ai crû à une reprise de Huxley... Délicieusement déjanté, Papistache.
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V
Mardi, justement, je suis tombée par hasard sur une émission sur les batraciens, j'ai écouté et j'ai été étonnée de toutes leurs différentes façons de se reproduire.<br /> <br /> Cette pièce est complètement déjantée. J'aime beaucoup.
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V
Excellentissime, Papistache! Il faudra que j'en parle à Monique
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M
Une alchimie à base d'aéronef en un acte et cinq notes parfaitement intégrées- et réalisée tout d'une pièce ! Papistache vous nous étonnerez toujours !
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J
Ce sera forcément joué au théâtre du Rond-Point et mis en scène par Jean-Michel Ribes. Pour y aller, mettez votre cuirasse : aujourd'hui il pleut des hallebardes !
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J
Un amour de pièce, dont acte !<br /> <br /> Bravo !!!
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