BRUITS DANS LA NUIT (Martine27)
Bien nichée dans mon lit, j'écoute avant de m'endormir tous les petits bruits que murmure la maison et que l'on entend pas lorsqu'on est encore debout.
Le ronronnement lancinant de la VMC qui énerve d'abord avant de bercer, le brusque démarrage du moteur du réfrigérateur, les discrets craquements des meubles, le cliquettement de l'horloge de la cuisinière, les petits roucoulements de ma chatoune qui explore son territoire nocturne et qui discute avec ses compagnons rangés dans l'armoire à chats, les chuchotis de mes lutins de placards, le vrombissement d'Errol mon dragon miniature qui se dégourdit les ailes.
Bref, tous ces sons rassurants qui vous enveloppe comme dans un cocon et qui vous conduisent tout doucement vers le sommeil.
Mais cette nuit là, un bruit bizarre me réveille. Sur le moment je me retrouve les yeux grands ouverts, sur le qui-vive me demandant pourquoi le sommeil m'a si brutalement quittée.
Je n'entends pourtant rien sortant de l'ordinaire, alors qu'est ce qui m'a réveillée. Je cherche dans ma mémoire, un craquement, voilà je crois que c'est ça, un craquement.
Qu'est ce qui peut bien craquer ? Dans ma tête je passe les pièces en revue, je ne vois rien susceptible de tomber et de produire ce bruite. Ca ne vient pas non plus des combles.
Bon j'ai peut-être rêvé ou alors il s'agit de la branche d'un des arbres du jardin qui a décidé de vivre sa vie.
Je me détends à nouveau et me reniche dans mon creux de lit, prête à repartir dans mes rêves.
Et voilà, un nouveau craquement, cette fois-ci pas de doute je ne rêve pas, je dégage ma tête de l'oreiller et écoute de toutes mes oreilles, le bruit vient de l'entrée.
Quelqu'un tenterait-il d'entrer chez moi ? Un petit frisson me parcourt mais c'est stupide la porte est bien fermée.
Et encore une fois ce crac, suivi cette fois du miaulement indigné de ma minette qui déboule dans le couloir.
Pas de doute si ma chatte de garde le dit, il y a bien quelque chose de pas normal qui se passe.
Je ne vais quand même pas être moins courageuse que ma petite poilue que j'entends feuler devant la porte du couloir.
Je mets mes lunettes, attrape ma petite lampe de poche, l'allume et me lève avec précaution, ne faisons pas trop de bruit.
"Il se passe quoi" me demande Elfie mon lutin de placard
"Je n'en sais rien, je vais voir"
"Fais attention hein" répond-il, mais je constate que courageux, mais pas téméraire, il reste tranquillement niché dans mes pulls.
Je rejoins ma terreur poilue qui, toute hérissée, renifle sous la porte de l'entrée.
Figées l'une à côté de l'autre nous tendons l'oreille.
Plus de craquements semble-t-il, mais comme un drôle de pépiement.
Je respire un grand coup, écarte doucement mon fauve domestique et ouvre la porte et derrière que vois-je, un minuscule diplodocus pas plus gros qu'un poussin, tout encombré de son long cou et de sa queue démesurée et qui piaille comme un malheureux. J'ai juste le temps de l'attraper dans le creux de la main avant que ma panthère grise ne le croque.
Et là par terre j'aperçois les morceaux de cette superbe pierre que j'avais ramenée de ma promenade dans les bois de ce matin.
Mince, ce n'était pas une pierre mais un oeuf.
"Pip" fait la drôle de petite chose assise dans ma main et qui enroule sa queue autour de mes doigts "Pip".
Et flûte, ça mange quoi un diplodocus ?
Décidément ma maison devient de plus en plus folle, il va falloir que j'explique à ma Miss qu'elle a maintenant un bizarre petit frère (ou petite soeur), que mes lutins de placard fassent du diplo-sitting dans la journée, qu'Errol mon mini dragon s'occupe un peu d'éduquer son préhistorique cousin et que demain nous trouvions un prénom à notre nouvel ami.
Je ne peux m'empêcher de penser en allant me recoucher avec une chatte sous un bras, un diplodocus miniature sous l'autre, que la vie ne manque pas franchement pas d'imprévus.