Post mortem (Papistache)
Quand l'ordinateur de Monsieur Louis rendit l'âme, le brave homme crut qu'il s'en accommoderait. Il se trompait.
La sienne, d'âme, s'était si étroitement mêlée à celle de la machine qu'il perdit en moins de vingt-quatre heures le goût à l'existence.
Au matin du second jour, son épouse le trouva pendu par le câble d'alimentation du PC à un barreau de l'escalier.
La bonne femme crut qu'elle ne se remettrait jamais du suicide de son compagnon. Elle se trompait. Un jeune parent qui s'était déplacé pour la crémation de son aïeul explora les entrailles de l'ordinateur et au prix de quelques incantations païennes lui rendit souffle et vie.
Il appela sa grand-tante qui découvrit que son époux avait gravé, sur le disque dur de l'outil, une profusion de pages qui, toutes, chantaient l'amour. Elle se fit expliquer l'art d'accéder aux secrets du dérisoire boîtier ; son mari, tout entier, s'y tenait : il l'attendait.