Tours d'ivoire (tiniak)
Main fredonnant l'herbe frisée
frissonnants grains de muscadet
chapelure appelée rosée
où j'irai déposer mes lèvres
avant qu'un rêve nous achève
avant qu'il nous ait emportés
perles vives dans la buée
Arrête un peu, dis
tu me chatouilles !
Calmes palmes devant l'or brun
n'en laissant fuir que des rais fins
persiennes fractures du jour
soudain quelque ennui vous tracasse
est-ce l'ouragan qui menace ?
qu'y puis-je faire ? comment sauver
le calme charme de vos ourlets ?
Regarde un peu, voir
j'ai pas une poussière ?
Eclats de forge dans l'atmosphère
brûlant ma gorge dans les enfers
un chameau passe, il est tout sec
un toucan délivre son bec
d'une pastèque
cependant je cherche à étreindre
la source au puits qui sait m'éteindre
T'as pas un peu soif, dis ?
parce que moi oui
Plus immobile qu'un caillou
stoïque tel un fier brisant
le monde roule sur mon cou
indifférent
à l'intérieur le rêve est plein
de jus, de flamme, de chanson
et, oui dame, de vos seins ronds
viens un peu par là, voir
que je t'embrasse
hélas, hélas, moment de grâce,
il est bien tard
sur le grand écheveau du soir
j'ai lacé mon tour d'ivoire.